C'est un média immersif et interactif, à ne surtout pas négliger en période électorale : le podcast politique. En parallèle des mediums traditionnels privilégiant volontiers le culte de la "petite phrase", les programmes audio fédèrent en faisant résonner d'autres voix, parfois trop minorées, en éclairant d'autres trajectoires – féminines et féministes notamment - ou encore en clarifiant certains enjeux majeurs avec recul et rigueur.
La preuve avec ces six écoutes à rattraper illico.
On peut lire la prose de Léa Chamboncel dans le très complet Plus de femmes en politique !, enquête polyphonique et manifeste stimulant qui vient de paraître aux éditions Belfond (s'y côtoient les voix de Manon Aubry, Hélène Bidard, Danièle Obono, Sandrine Rousseau, Edith Cresson...). Mais on peut également l'écouter sur la plateforme Twitch – en suivant sa chaîne ou bien l'émission de Jean Massiet, Backseat – et donc... En podcasts, également.
Créé au moment du reconfinement, le talk show PoPol propose un épisode après l'autre d'éclairer les paroles des femmes qui font la politique d'aujourd'hui au fil d'anges multiples, de la candidature de Christiane Taubira au féminisme en période électorale. L'une des forces du podcast, c'est la pluralité de ses interlocutrices, aux paroles et profils trop peu médiatisées : journalistes, consultantes, députées, militantes...
Oui, le podcast d'actualités du "Parisien" animé par Jules Lavie n'est pas simplement politique, il est plus largement sociétal, culturel... Mais par les temps qui courent, nombre de ses épisodes détaillés se focalisent sur une facette particulière du contexte électoral que nous vivons. Et ce, avec un recul certain et une minutie très factuelle.
Ainsi les derniers épisodes en date s'immergent dans les campagnes des candidats Emmanuel Macron, Valérie Pécresse, Marine Le Pen... En scrutant polémiques, déclarations et stratégies politiques, rendant notamment compte avec clarté des luttes de(s) droite(s), comme celles qui opposent Eric Zemmour et la représentante du Rassemblement National. Un podcast appréciable pour son caractère accessible et limpide - vingt minutes par épisode.
Voilà un podcast qui se focalise sur un enjeu trop éludé des campagnes actuelles : celui des droits de la communauté LGBTQ+ et de l'inclusivité, thématiques pourtant primordiales dans notre société. Afin de combler ce manque, cette création Spotify France accorde l'espace de dix épisodes un temps d'expression à dix candidat(e)s afin que ces derniers puissent approfondir leurs initiatives quant à ces sujets.
Evoquant aussi bien la PMA pour toutes que la condition des personnes queer en France, mais aussi l'hétéronormativité, les discriminations à l'école et la transphobie, la création militante d'Élise Goldfarb et Julia Layani est éloquente, en cela qu'elle témoigne des failles ou impasses de bien des projets politiques. Idéal pour prendre le pouls d'un système en sa globalité.
Derrière cet intitulé ironique se cache une série documentaire nécessaire sur le thème primordial des violences sexistes et sexuelles en politique. Au gré de ses épisodes pleins de gravité, Y'a pas mort d'homme s'est attardé sur la condition des femmes en politique, les difficultés qu'éprouvent les victimes à dénoncer certains agissements dans une scène où l'omerta règne encore, et la violence patriarcale dont rend compte ce milieu.
Et ce, en mettant notamment en avant la voix riche de sens d'Edith Cresson, première et seule femme à avoir accédé à la fonction de Premier Ministre, témoignant volontiers d'un sexisme systémique et protéiforme qui ne cesse guère au gré des chamboulements politiques. Un autre épisode valorise les paroles de personnalités comme Alice Coffin, Audrey Pulvar et Mélanie Vogel, afin d'interroger la manière dont le paysage hexagonal témoigne, ou non, des effets de la révolution #MeToo.
A l'instar de Code Source, Libélysée privilégie la voix des journalistes "sur le front" de la scène politique l'espace de synthèses critiques et factuelles éloquentes. La création audio du journal "Libération" rend compte de la course à la présidentielle en fonction d'angles bien définis : les stratégies de campagne du "président-candidat" Emmanuel Macron, la manière dont les candidats s'approprient (ou pas) l'enjeu du pouvoir d'achat, les conséquences de la guerre en Ukraine sur le climat électoral, l'emploi de la rhétorique d'extrême-droite par Valérie Pécresse...
Un nécessaire état des lieux en ces temps agités.
On a l'habitude de retrouver chaque semaine Jean Massiet dans l'émission qu'il anime sur la plateforme Twitch, Backseat. Une table-ronde hebdo où le streameur et ses chroniqueurs rendent compte de l'actualité politique, tout en accueillant vidéastes, podcasteurs, YouTubeurs (s'exprimant sur leur engagement, ou non), mais aussi personnalités de premier plan : Anne Hidalgo, Christophe Castaner, Christiane Taubira...
Mais Jean Massiet ne s'arrête pas là : on peut également le voir, ou plutôt l'écouter, décrypter la campagne présente par le prisme des réseaux sociaux, à travers la chronique Aux likes citoyens. Disponible en podcast, ce focus régulier rend compte des nouveaux outils de communication politique (tweets, vidéos YouTube à l'ancienne et même posts TikTok) et de comment les candidats en font usage... De manière plus ou moins convaincante, dirons-nous poliment.
Un angle intéressant.