Avant que la candidate démocrate Elizabeth Warren ne se retire de la course à la primaire démocrate en vue des élections présidentielles américaines (qui se tiendront le 3 novembre prochain), on imaginait déjà une femme devenir présidente des Etats-Unis - un événement exceptionnel et historique. Aujourd'hui, c'est vers l'éventualité d'une vice-présidence au féminin que se tournent tous les regards, des spécialistes comme des citoyens. Pourquoi ? Car le politicien républicain Joe Biden, lui-même vice-président sous le gouvernement Obama et adversaire majeur de Donald Trump, l'a affirmé le 15 mars dernier lors d'un débat l'opposant à Bernie Sanders : "Je vais choisir une femme pour être vice-présidente".
De son côté, le numéro 2 dans les sondages, le sénateur Bernie Sanders a déclaré qu'il ferait "probablement" la même chose. "Pour moi, ce n'est pas juste nominer une femme. C'est s'assurer que nous avons une femme progressive et il y a beaucoup de femmes progressives."
Promesse en l'air ou véritable détermination politique ? Il est encore trop tôt pour l'affirmer. En attendant, Biden persiste et signe. "Il y a un certain nombre de femmes qualifiées pour être les présidentes de demain", a-t-il poursuivi face à une audience enthousiaste. Une réflexion pertinente : les éventuelles représentantes de la nation états-unienne ne manquent effectivement pas. Mais qui sont-elles au juste ?
Parmi les noms avancés, on évoque d'ores et déjà la romancière afro-américaine Stacey Abrams (qui il y a deux ans de cela était en lice pour le poste de gouverneur de l'Etat de Géorgie), la sénatrice démocrate Kamala Harris, qui selon le New York Times se voyait déjà, fin 2019, élue première présidente noire des Etats-Unis, mais aussi Elizabeth Warren, qui, le 5 mars dernier, a annoncé renoncer à l'investiture démocrate. "Personne ne sait avec certitude qui Joe Biden choisira comme vice-présidente si - comme cela est presque certain - il devait remporter la nomination démocrate, mais nous savons que ce sera une femme", affirme le journal britannique The Guardian.
Au sein de la presse américaine, on perçoit déjà en Stacey Abrams - la candidate avec le moins d'expérience politique - un symbole de changement et d'espoir. Rolling Stone la perçoit comme la leadeuse qui "construit un nouveau type de machine politique" et déboulonne les codes. En interview, la romancière et femme politique défend une vision de la politique plus inclusive et féministe. "En tant que femme et en particulier en tant que femme de couleur, ma responsabilité est de créer un espace pour toutes les personnes généralement ignorées, qu'elles puissent pouvoir voter et se faire entendre", déclare-t-elle ainsi du côté d'ABC.
Aux côtés de cette grande favorite, la sénatrice californienne Kamala Harris, figure inspirante du Parti Démocrate, fait couler beaucoup d'encre depuis son ralliement à Joe Biden le 8 mars dernier, soit trois mois après s'être retirée de la course à la présidentielle.
"Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour l'aider à devenir le prochain président des États-Unis", a-t-elle décoché sur Twitter. Kamala Harris a pour elle une grande expérience, de sénatrice certes, mais également de procureure - elle fut d'ailleurs la première femme noire élue à ce poste à San Francisco. Progressiste (elle a par exemple défendu le droit à l'union entre deux personnes du même sexe), elle n'hésite jamais à tacler le misogyne en chef Donald Trump - notamment en exigeant la suspension de son compte Twitter.
A l'instar de Kamala Harris, Elizabeth Warren porte un regard pointilleux et érudit sur le respect de la loi. Et pour cause : cette passionnée d'économie (un sujet auquel elle a consacré de nombreux livres) a assuré trois décennies durant des cours à la prestigieuse Harvard Law School. Son principal combat demeure encore la défense économique des plus faibles, de la protection financière des consommateurs au contrôle des grandes entreprises, en passant par l'encadrement strict des plus grosses fortunes de la nation - avant son retrait, elle désirait d'ailleurs mettre en place un impôt sur les "portefeuilles" de plus de 15 millions de dollars.
Un trio de tête intrigant, qui ne doit pas pour autant faire oublier d'autres candidatures, détaillées par le site Politico : la sénatrice démocrate du Minnesota Amy Klobuchar, membre de la commission judiciaire du Sénat mais aussi ex-avocate et procureure, "modérée" autoproclamée sur bien des questions (l'immigration, la cause écologique, la couverture sociale), la sénatrice latino-américaine et ancienne procureure générale Catherine Cortez Masto, la sénatrice américano-thaïlandaise Tammy Duckworth, dont le vécu fascine la nation (amputée des deux jambes suite à sa participation en tant que lieutenant-colonel à la guerre en Irak, elle fut la première sénatrice à sonner naissance pendant son mandat), mais également la sénatrice fédérale Tammy Baldwin, par ailleurs perçue comme la première sénatrice américaine ouvertement gay de l'histoire des Etats-Unis, ce qui n'est pas rien.
Autant de profils hétéroclites qui pourraient quelque peu bousculer le paysage politique américain ? Là aussi, il est encore trop tôt pour le dire...