La proportion file le vertige mais le chaos des dernières années n'y est pas pour rien. Car depuis deux ans, c'est prouvé, le rapport des Français·es au numérique a complètement changé. Afin de passer le temps ou de remédier à l'interdiction de sortir, on a dû s'adapter et se rabattre sur les activités intérieures. Et notamment, les écrans. Seulement, cette pratique ne se cantonne pas aux ados et adultes. Les enfants aussi, semblent avoir été habitués à regarder téléphone, tablette et télé plus fréquemment qu'avant.
La preuve avec une étude de l'Ipsos, réalisée pour l'Union nationale des associations familiales (Unaf) et l'Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique (Open), qui révèle que le réflexe est en nette augmentation pour plus de la moitié des petit·es. Et ce, avant même de savoir marcher.
Cela concerne 57 % des enfants entre 3 et 6 ans et 85 % entre 7 et 10 ans. Et puis, dernier chiffre et pas des moindres : 43 % des 0-2 ans utilisent Internet, selon leurs parents. Alors bien sûr, pas pour traîner sur Instagram, tomber dans un trou noir Wikipédia ou faire chauffer leur carte bleue, mais pour regarder de courtes vidéos (26 %), des séries TV (24 %) ou des films (22 %). Une hyperconnexion avérée qui ne devrait pourtant pas entraîner de culpabilisation.
Si la croissance est remarquable, c'est aussi que les parents ne connaissent pas assez bien les risques ou n'ont parfois pas le choix. Le télétravail, le protocole sanitaire qui oblige à continuer de travailler sans mode de garde, le comportement difficile de son enfant... peut mener à vouloir le divertir ainsi pour soi-même avancer.
"Ce que l'on peut dire pour les tout-petits, c'est que le temps passé sur les écrans est du temps perdu à faire autre chose. Et encore, il faudrait plusieurs heures par jour pour voir une différence", détaillait auprès de Terrafemina Dre Nathalie Franc, pédopsychiatre au CHU de Montpellier. "Il y a des règles à mettre, mais il ne faut pas bannir".
"La santé mentale des parents et celle des enfants sont de meilleurs critères à considérer que le nombre d'heures par jour passé devant les écrans", signent à leur tour des chercheur·euses canadien·nes dans The Conversation. Puis préviennent : "Si l'enfant se retire socialement, qu'il devient irritable, inattentif ou dépressif quand il n'est pas devant un écran ou que son temps d'écran entraîne des effets négatifs dans sa vie (retard scolaire, conflits familiaux, isolement), une intervention des parents peut être nécessaire."
C'est également le conseille d'Olivier Gérard, l'un des coordinateurs de l'Unaf, interrogé par Franceinfo sur le sujet : encourager les parents à davantage s'intéresser et surveiller le comportement des plus jeunes en ligne. Et surtout, instaurer un dialogue. Comment ? "Fixer des règles et des limites mais aussi discuter avec eux", évoque-t-il. Et se renseigner sur les dérives réelles d'une surexposition.