Beaucoup de salariés abordent leur entretien annuel inquiets, la mine tendue, avec un air d'élève passant devant le conseil de discipline. Certains sont même tellement angoissés qu'ils ne supportent pas qu'on leur parle de ce qui s'est bien passé et demandent qu'on en vienne au plus vite à l'essentiel, c'est-à-dire à tout ce qui ne va pas.
Paradoxalement, ce ne sont pas les plus mauvais qui stressent le plus. Au contraire, ce sont souvent les collaborateurs consciencieux qui font plutôt bien leur travail qui semblent les plus affectés par la perspective de ce rendez-vous.
Alors pourquoi redouter son entretien annuel quand on n'a rien à se reprocher ?
Il y a une raison culturelle et une raison personnelle à ce curieux phénomène.
Du côté culturel, l'entretien annuel est une pratique récente que nous avons importée des États Unis, pays où l'évaluation des performances se fait sur un principe quasiment opposé au nôtre. Les Américains éduquent leurs enfants à prendre conscience de leurs forces pour s'appuyer dessus, alors que nous éduquons nos enfants à prendre conscience de leurs faiblesses pour les éliminer. Chez nous, un élève convoqué par son professeur sait que c'est rarement une bonne nouvelle et jusqu'à il y a une trentaine d'année, c'était pareil dans les entreprises : un employé convoqué dans le bureau de son chef savait qu'il allait se faire passer un savon ou se faire licencier.
Ça a certainement laissé des traces dans l'inconscient collectif.
Du côté personnel, tout le monde n'aborde pas l'entretien annuel dans l'état d'esprit sain et ouvert de ceux qui en ont inventé le concept. Pour les Américains, l'entretien annuel est un moment privilégié pendant lequel salarié et manager font le bilan de leur année de collaboration et cherchent ensemble comment faire en sorte que l'année à venir soit aussi bonne ou meilleure.
Pour nous, c'est plutôt un moment délicat où ni le salarié ni le manager ne sait très bien à quoi s'attendre et où chacun espère au mieux qu'il ne s'y passera rien de grave.
Voici 3 conseils pour que votre entretien annuel redevienne ce moment de partage agréable et constructif qu'il devrait normalement être :
Certaines sociétés fournissent à leurs salariés des formulaires qui leur permettent de préparer leur entretien en s'évaluant eux-mêmes. Rien ne vous empêche de le faire, avec ou sans formulaire. Pourquoi vous évaluer vous-même ? Parce que c'est le moyen le plus sûr de rendre votre entretien utile. Le plus important pour votre réussite est de vous assurer que vous comprenez bien ce que votre manager attend de vous et que lui comprend bien ce que vous faites. Chaque fois que votre note diffèrera de celle de votre manager, vous aurez mis le doigt sur une incompréhension qu'il est indispensable de résoudre.
Au lieu de ne penser qu'à votre augmentation ou promotion qui est de toute façon déjà décidée, demandez-vous ce que vous pourriez raisonnablement obtenir de cet entretien et fixez-vous l'objectif de ressortir avec.
Quelques exemples :
- La reconnaissance d'un travail dont vous êtes fier et qu'il n'a pas vraiment remarqué
- La promesse de vous soutenir pour obtenir une formation qui vous tient à coeur
- Un support pour obtenir un temps partiel ou un congé spécial
- Une mission transverse
- ...
Ayant un but, vous aborderez l'entretien avec beaucoup plus de plaisir et d'intérêt.
Il n'est pas rare que l'entretien annuel provoque des émotions difficiles à maîtriser : vous risquez de rougir sous les compliments ou de vous énerver sous les critiques. Pour rester zen quoi qu'il arrive, le truc est de ne rien prendre personnellement. Une technique qui a fait ses preuves est d'écouter votre manager comme s'il parlait de quelqu'un d'autre. Montrez-vous attentif, prenez des notes, essayez de comprendre et tâchez d'oublier que c'est de vous qu'il s'agit.
Une fois l'entretien terminé, ne vous fiez pas à votre ressenti et obligez-vous à relire vos notes avant de juger si ça s'est plus ou moins bien passé. Cela vous évitera de vous laisser influencer par le biais négatif de notre cerveau qui a tendance à accorder 5 fois plus d'importance aux remarques négatives qu'aux remarques positives.