Ertharin Cousin est une femme d'influence. En tant que directrice générale du programme alimentaire mondial des Nations-Unies, elle supervise les opérations destinées à nourrir des millions de réfugiés et presque 70 millions de femmes et d'enfants chaque année. Avant le PAM, elle a travaillé pour l'administration du président Bill Clinton et sur la campagne présidentielle d'Obama. Mais c'est lors de son expérience dans la politique locale de Chicago qu'elle a appris l'une de ses leçons les plus précieuses. La correspondant de CNN Poppy Harlow l'a rencontrée.
Quelle est votre mission ?
Ertharin Cousin : Notre mission est de supprimer la faim de notre vivant. Les gens me disent : "Oh, Ertharin, c'est gentil", mais je suis sincère.
Lorsque vous étiez en fac de droit, on vous a dit que pour faire carrière et réussir, vous deviez faire semblant d'être comme un homme.
Oui. Je le faisais. C'est aussi simple que ça.
Mais vous vous êtes rebellée.
Évidemment. Je suis allée à un entretien d'embauche. Je portais une robe rouge, parce que je me suis dit que s'ils m'engageaient, il fallait qu'ils sachent dès le moment où je m'installerais face à eux et jusqu'au moment où je repartirais, qu'ils engageaient une femme.
Une grande part de la stratégie du PAM repose sur les femmes. Pourquoi ?
Parce que les femmes font la différence dans toutes les communautés dans lesquelles nous oeuvrons. Si on est réaliste, la voix des femmes compte beaucoup, même dans nos foyers. Lorsqu'il s'agit de nourrir les enfants, les femmes font la différence.
Quelle est la plus grande erreur que vous ayez faite et qui vous a ensuite servi, professionnellement ?
J'ai été candidate à une élection alors que j'avais moins de 30 ans. On a perdu de très loin... La leçon que j'en ai retenue a été de ne pas m'entourer uniquement de gens qui me ressemblent. Ne tentez pas de résoudre des problèmes par vous-même. Quand on tente de faire ça, on finit toujours par se retrouver seul.
En tant que directrice générale du programme alimentaire mondial des Nations-Unies, Ertharin Cousin supervise les opérations destinées à nourrir des millions de réfugiés et presque 70 millions de femmes et d'enfants chaque année. Sa vie a débuté très loin de là où elle se trouve aujourd'hui. Sur la côte ouest de Chicago...
Ertharin Cousin : Nous n'avions pas beaucoup de moyens. Nous avons grandi dans ce qu'on peut appeler un quartier pauvre. Mais j'avais des parents qui faisaient en sorte qu'il n'y ait pas de limite à nos rêves. Ils nous emmenaient dans tous les quartiers de la ville, dans les banlieues. Alors on regardait toutes ces grandes maisons et on se disait : " Je peux vivre ici " ! Tout devient possible quand vous l'avez sous les yeux.
J'étais dans un programme qui distribuait de la nourriture à des écoles, au Bangladesh. Là, ils ont commencé à chanter We Shall Overcome, en anglais. Et je me suis mise à pleurer. Ces enfants croyaient, ils croyaient sincèrement que nous allions changer leurs vies. Que les opportunités qu'ils avaient de devenir médecins, professeurs ou infirmiers pouvaient devenir réalité. Et ce, grâce au travail que nous faisions.
Vous avez emmené votre fils au travail très tôt, avec vous, lorsqu'il était jeune.
Ertharin Cousin : On ne peut pas cacher qui on est. J'étais une mère célibataire. Beaucoup de personnes se sont dit : "Peut-être qu'Ertharin n'est pas la bonne personne." Ce que j'ai fait, c'est que je me suis armée de courage et de force pour admettre que je suis celle que je suis et qu'au cours de ma carrière, j'allais continuer à réussir parce qu'être moi-même suffisait pour cela.
Vous avez déclaré que cela a été très frappant pour vous de réaliser que vous n'aviez pas toutes les réponses.
Un jour, j'ai lu le titre d'un livre qui disait que ce qui nous amenait là où on était ne nous emmènerait pas plus loin. Ça a été difficile pour moi de reconnaître que j'avais besoin d'aller plus loin. Néanmoins, cela a aussi renforcé chez moi cette responsabilité de continuer à apprendre.