Karin Viard, Emmanuelle Devos, Marion Cotillard... Tout au long de sa filmographie, la cinéaste Nicole Garcia n'a eu de cesse de mettre en lumière les diamants brut du cinéma français. Egalement comédienne (on a pu la retrouver récemment devant la caméra de Christophe Honoré), Garcia éclairait en 1998 la plus grande star qui soit, légende parmi les légendes de la culture hexagonale : Catherine Deneuve. Et ce au service d'une histoire... Et bien, de diamants, justement.
Diamants qui constituent l'héritage d'une épouse devenue veuve, partie à la recherche de cette précieuse richesse laissée par feu son mari, un joailler renommé. La veuve, c'est Deneuve, le film, c'est Place Vendôme, et vous pouvez d'ors et déjà le (re)voir gratuitement en streaming sur le site d'ARTE. L'occasion de (re)découvrir un drôle d'objet qui concilie semi enquête, drame intimiste et film sentimental, croisement des genres témoignant d'un trouble : celui que ressent notre protagoniste, meurtrie au plus profond d'elle-même.
L'incarnation de cette douleur trouve en Catherine Deneuve une justesse confondante. La comédienne chic revêt les oripeaux de cette épouse, que ce drame personnel a fait sombrer dans l'alcoolisme, avec une rare dignité. Qui n'a laissée personne insensible d'ailleurs...
S'il s'agit très certainement du film le plus connu de Nicole Garcia, Place Vendôme représente également l'un de ses plus grands succès critiques. Dès ses premières projections, ce portrait de femme est ressorti victorieux de la Mostra de Venise 1998 puisque sa star y remporte la Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine. La cérémonie des César 1999, d'où le film repartira à l'inverse bredouille, l'applaudit au gré de nominations indénombrables - aux César du meilleur film, de la meilleure réalisation, du meilleur scénario original, de la meilleure actrice, du Meilleur second rôle masculin, du meilleur second rôle féminin, de la meilleure photographie, du meilleur montage, des meilleurs costumes...
N'en jetez plus !
Sous ce titre qui respire le prestige (la place du 1er arrondissement parisien est la plus royale et luxueuse de toutes) se dévoile, beau paradoxe s'il en est, une émotion hyper minimaliste. Car c'est avec une grande sobriété que Deneuve interprète son alias à l'écran. Loin du côté solaire de certaines de ses partitions, elle donne le la à une introspection tragique, douloureuse et subtile. A ses côtés excelle un binôme tout aussi sobre, avec qui elle constitue un improbable couple : le regretté Jean-Pierre Bacri. Drôle d'amant s'il en est.
Un divertissement des plus poignants pour ARTE, qui salue "un polar retors au coeur du monde de la joaillerie, porté par une magnifique Catherine Deneuve". Plus encore, la Cinémathèque française, qui a déjà honoré le film de plusieurs projections en son sein, ne se tarit pas d'éloges à l'égard de la comédienne "en femme blessée, icône et inspiratrice de ce monde chic et romanesque, l’impériale rescapée d’une terrible descente aux enfers".
Et l'institution prestigieuse de rappeler les mots de la star elle-même, couronnée à Venise : "Avec Place Vendôme, il y a eu comme une rencontre, comme si ce rôle rejoignait ma personne, ce que les gens imaginent que je suis ou que je pourrais être dans la réalité, une femme qui a encore de l’allure mais qui peut aussi souffrir de ces espèces de cassures…"
Place Vendôme est donc une histoire de diamants dont le plus éblouissant joyau s'intitule Catherine Deneuve.