Une annonce-surprise élargit soudain l’horizon de SeaFrance, qui paraissait plus que bouché ces derniers jours. Dans un entretien accordé à Libération, Jacques Gounon, le PDG d’Eurotunnel a déclaré que son entreprise propose de venir à la rescousse de la compagnie concurrente, en liquidation depuis le 16 novembre. L’exploitant du tunnel sous la Manche se dit « candidat pour être majoritaire, quelque part entre 51% et 100% dans une société de portage » qui rachèterait les trois ferries de SeaFrance pour les louer ensuite à la Scop (Société coopérative ouvrière de production) qui en deviendrait l’exploitant.
Cette proposition bouleverse le calendrier judiciaire d’examen de la filiale de société publique de transport ferroviaire SNCF. Le Tribunal de Commerce de Paris étudie depuis lundi matin 10h, les trois scénarios principaux qui scelleront le sort de SeaFrance. Mais la CFDT, syndicat majoritaire, a demandé un report d’audience afin qu’un mandataire examine le projet Eurotunnel pendant huit jours. Le tribunal a donc mis sa décision en délibéré, et devrait reprendre l’audience à 12h30. Le projet présenté par Eurotunnel semble convenir au gouvernement, embourbé dans un face-à-face musclé avec la CFDT depuis le début de l’année. Le ministre des Transports, Thierry Mariani, a célébré lundi une « bonne nouvelle », tandis que le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a insisté sur la dynamique de garantie d’emploi que pourrait apporter le projet Eurotunnel. « Toute idée, toute initiative doit être regardée, toute initiative qui permet de garantir des emplois, on la creusera et on aidera ces initiatives », a-t-il déclaré au micro de France Inter.
Une réunion interministérielle a été organisée dimanche pour étudier les différents scénarios : le reclassement d’une partie des salariés à la SNCF (solution décriée par la CFDT), le projet de coopérative (Scop) défendu par la CFDT, et la reprise d’un dialogue avec un entrepreneur privé. D’abord opposé au projet de Scop, le gouvernement a revu sa copie et proposé un dispositif rejeté par la CFDT : le versement d’indemnités salariales exceptionnelles par la SNCF et leur ré-injection dans la Scop. La SNCF confirme lundi avoir débloqué 36 millions d’euros pour soutenir ce projet. A la justice de choisir la voie la plus salubre pour SeaFrance.
Elodie Vergelati
(Avec Reuters)
Crédit photo : AFP
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