Le couple à trois fonctionne comme le couple. Ainsi, chacun y conserve son autonomie (autant que faire se peut) et peut donc, au dernier moment, décommander le petit dîner en amoureux prévu de longue date (ou même la St-Valentin, tiens !). En trouple, vous aurez deux fois moins de chances qu’une telle déconvenue vous tombe dessus. Idem pour le baby-sitting ou l’astreinte « j’attends le mec du gaz qui doit passer entre 7h et 23h30 » : il y en aura toujours au moins un des trois qui pourra s’y coller. Pratique.
Si, par chance, votre trouple fonctionne avec deux personnes de votre sexe versus un membre du sexe opposé (si l’on en croit André, le fondateur du site trouples.fr, la majorité des trouples est constitué d’un homme et deux femmes, la faute au phénomène du « coq » qui compliquerait la structure inverse), vous aurez alors la possibilité de piocher à l’envi dans les nouvelles trouvailles vestimentaires de votre tiers (oui, vous ne direz plus moitié !). Alors, à quand une collection The Trooples ?
Les dîners de couple ? L’angoisse du méchant adage « vieille et en couple tu es, avec des couples tu dîneras ». Le dîner de trouples, lui, sera forcément plus polisson car moins policé, et vous ne passerez plus vos samedis soirs à comparer votre binôme avec celui de vos congénères, tant la multiplicité des profils présents atténuera l’effet hologramme. Enfin, et puisqu’il y a plus de chance pour que vous soyez le seul trio amoureux de votre petite sauterie, il y a fort à parier que vous susciterez curiosité et envie auprès de vos compagnons de ripaille. « Ce qui est réellement impressionnant, raconte André (lui-même en trouple), c’est le nombre de couples qui sont venus nous voir pour en parler dès qu’ils ont découvert, par notre exemple assumé, que ce mode de vie était celui auquel ils aspiraient ». Un vrai trouple star.
Finies les prises de bec sans issue, chacun restant campé sur ses positions, coincé dans ce puits sans fond que sont les engueulades de couple. En trouple, le tiers servira bien souvent d’arbitre, tempérant les ardeurs de chacun, donnant un avis écouté car concerné sur le motif de la discorde (« C’est toi qui as perdu mon pull The Trooples j’en suis sûre !! »). « La présence de cette troisième personne est un élément de régulation des relations », confie notre expert, ajoutant que pour beaucoup, « la relation entre les filles apportait un plus qui manquait à leur vie de femme ». Avoir son mec et sa meilleure amie à la maison ? Pas idiot, en effet…
Exit le «girls kissing » (mais si, vous savez, ces filles soit disant 100% hétéros qui, pour faire pareil que leurs idoles Rihanna, Madonna et consors, s’embrassant goulûment entre filles pour « rigoler »), place à la bisexualité assumée ! Car si l’on en croit le chercheur Michel Dorais, qui estime qu’environ 17% des hommes et 10,5% des femmes seraient bisexuels, soit une sur dix, il serait dommage de passer à côté d’une expérience permettant de mettre tous ses œufs dans le même panier pour un plaisir sublimé. Pour autant, si le troisième membre ajouté au couple initial (la plupart des trouples étant formé de cette manière) peut relancer une vie sexuelle endormie, il ne doit pas servir de pansement à un couple déjà mort. L’équilibre et l’amour partagé sont la clé d’un trouple uni et épanoui.
On le sait, se loger devient mission impossible à mesure que les montant des loyers s’éloignent de ceux de nos salaires. A l’instar des colocataires, les trouples pourront partager loyer, facture EDF, courses au Monop’ et taxe d’habitation en trois plutôt qu’en deux, sans même subir les désagréments quotidiens inhérents à la colocation (sortir vêtu de la salle de bains, mettre son nom sur son parmesan dans le frigo, cacher ses lubrifiants…). Si, de surcroît, on part du postulat que plus on est de fous plus on rit, les sorties seront moins nombreuses, ce qui fera une économie supplémentaire à nos polyamoureux heureux. C’est vrai quoi, un Monopoly à trois c’est quand même plus marrant qu’en tête à tête…
On l’aura compris, le trouple, c’est tendance. Pour preuve, on ne compte plus les articles faisant référence au « ménage à 3 » fantasmé constitué de notre Président, son actuelle et son ex-compagne. Quant à la très secrète Charlotte Gainsbourg, on la découvrait cette semaine seins nus en présence de deux mâles fort intéressés sur un cliché fuité du prochain Lars Von Trier. Enfin, les opposants au mariage gay, omniprésents en ces heures de débat houleux, n’en finissent plus de brandir le trouple comme un spectre, celui de la mort de la famille et de la décadence pour tous. En bref, le trouple, c’est le it-sujet du moment. Et comme il ne faut pas mourir idiot... Avouez que tout cela est trouplant.
Vous l'aurez compris, notre propos n’est ni de faire l’apologie de la polygamie, ni de prendre position pour un contrat universel, tel que le propose Lionel Labosse, auteur du livre « Le Contrat universel : au-delà du "mariage gay" », dans lequel il propose d’aller au-delà de l’union homosexuelle en ouvrant à des trouples, ou à tous ceux qui se sentent à l’étroit dans leur couple, un cadre juridique leur permettant de s’unir et de faire valoir leurs droits de la même manière que le couple dit « classique ».
Des trouples, il y en a, selon trouples.fr, beaucoup de ponctuels mais seulement quelques centaines « stables ». Pour ces trios amoureux, « la bisexualité des membres du même sexe est une évidence mais pas un drapeau (…) Le fondement du trouple est bien cet amour partagé à trois, et si nous devions obtenir une forme d’union reconnue par la société, nous la voulons par consentement mutuel de tous les membres ».
Et s’il est bien un aspect du trouple que nous cautionnons, c’est cette triple dose d’amour partagé. Alors bonne fête à tous, et que pleuvent bisous et trisous !
Le Brésil célèbre le premier mariage civil entre trois personnes