En début d'année, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti révélait une donnée : 90 femmes auraient été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en France au cours de l'année 2020, ce qui équivaudrait à une baisse de 38% des féminicides par rapport à l'an passé - en 2019, l'on dénombrait pas moins de 146 féminicides. Des chiffres auxquels se confrontent aujourd'hui ceux du Ministère de l'Intérieur.
Effectivement, une nouvelle étude du ministère nous apprend quant à elle que le nombre de féminicides recensé serait plutôt de 102 pour l'année 2020, avec un tiers des décès du à une arme à feu. Mais ce n'est pas tout. Il nous apprend une chose des plus alarmantes : parmi les victimes, 35 % de ces femmes auraient déjà subi des violences auparavant - physiques, psychologiques ou sexuelles. Et surtout, 18 % de l'ensemble des victimes de féminicides avaient déjà porté plainte avant le drame. Ainsi, c'est près d'une femme sur cinq qui avait porté plainte.
Fait alarmant dans une société ou, comme l'énonçait il y a deux ans un rapport de l'Inspection Générale de la Justice (IGJ), 80% des plaintes pour violences conjugales sont classées sans suite.
Face à cet état des lieux très critique, le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin a annoncé plusieurs mesures, comme le rappelle Le Monde : la priorisation des plaintes pour violences conjugales au sein des commissariats, la désignation d'officiers spécialisés dans le traitement de ces affaires au sein de chaque brigades, ou encore le bannissement des mains courantes - le dépôt de plainte devenant nécessaire. Interrogée par le quotidien national, la présidente de la Fondation des femmes Anne-Cécile Mailfert s'étonne quant à elle que le ministre "n'ait pas parlé du budget mis sur la table". Une nouvelle qui rassure peu les associations féministes.
"Les féminicides conjugaux ne sont pas une fatalité : il est possible d'éviter ces meurtres", affirmait justement l'an dernier un communiqué de la Fondation des Femmes. Pour ce faire, les initiatives énoncées depuis des années par les associations, et notamment depuis le lancement du Grenelle des violences conjugales initié par Marlène Schiappa en septembre 2019, ne sont pas rares, comme l'augmentation du budget dédié donc, mais aussi une meilleure formation des professionnels, ou encore une meilleure sensibilisation aux violences sexistes.
Récemment, la ministre déléguée chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes Elisabeth Moreno affirmait, en compagnie de la ministre de l'Egalité Irene Montero, s'inspirer du modèle espagnol pour lutter efficacement contre les violences conjugales et les féminicides, enjeu majeur du gouvernement. Un modèle qui pourrait porter ses fruits ? On l'espère. 67 féminicides ont été recensés depuis le début de l'année 2021 en France.