Elle fait partie de l'avant-garde féministe sur les internets avec son blog Crêpe Georgette, lancé dans les années 200. Sortie depuis de l'anonymat, Valérie Rey-Robert n'a eu de cesse d'explorer les ferments sexistes qui imprègnent notre société et notamment la "culture du viol à la française", à laquelle elle a dédié un ouvrage aussi nécessaire qu'éclairant en 2019. Le tout en balançant des punchlines bien cinglantes à l'encontre des réacs et autres masculinistes sur son compte Twitter.
Alors qu'elle est l'une des intervenantes du passionnant cycle de conférences Le féminisme n'a jamais tué personne organisé par la Bpi du Centre Pompidou, nous avons interrogé Valérie Rey-Robert sur son cheminement militant et ses combats.
Valérie Rey-Robert : Lorsque j'avais 18 ans, je sortais avec beaucoup de garçons et j'ai rapidement subi du slut shaming, c'est-à-dire qu'on m'a jugée négativement par rapport à ces relations. J'ai constaté qu'il n'en était pas de même pour les garçons qui avaient ce comportement-là. Et le déclic s'est fait ainsi même si je n'ai pas mis le mot "féminisme" dessus.
V.R.R : Il est difficile de savoir si la société évolue car nous n'avons pas de réel état de lieux des mentalités pré-#Metoo. Il y a eu deux sondages développés par Ipsos pour l'association Mémoire traumatique sur les idées reçues des Français-es sur le viol et l'on constate que les mentalités évoluent peu. Je pense qu'il est donc encore beaucoup trop tôt pour évaluer un quelconque changement de mentalité et surtout pour vérifier s'il n'est pas éphémère.
V.R.R : "Vous avez entièrement raison et d'ailleurs je vous déteste trop pour vous parler. Bonne journée".
V.R.R : Les livres de l'essayiste américaine féministe Andrea Dworkin.
V.R.R : Il ne faut pas attendre des changements rapides : ce sont les mentalités qu'il faut faire évoluer et cela ne se fait pas en quelques années malheureusement. Et puis ne pas espérer un mieux-être personnel grâce au féminisme : nous sommes très attaquées, en particulier sur les réseaux sociaux. Travailler en continu sur des sujets difficiles nécessite de savoir prendre du recul et prendre soin de soi.
V.R.R : Lutter contre la transphobie et le racisme spécialement dans le féminisme. Un certain courant du féminisme dit "universaliste" nie les spécificités sexistes et racistes que peuvent vivre les femmes racisées. D'autres courants du féminisme nient que les femmes trans soient des femmes. Je veux combattre ça. Et puis je souhaite également continuer à lutter contre les idées reçues sur les auteurs de violences sexuelles, à savoir que cela serait des monstres inconnus des victimes qui violent dans des lieux déserts. Ce n'est souvent pas le cas (8 femmes sur 10 connaissent leur violeur - Ndlr) et il faut le faire savoir.
Pour revoir les conférences Le féminisme n'a jamais tué personne, c'est ici :
Conférences "13 minutes" : Le féminisme
Violences sexistes : quand les femmes prennent la parole