François Fillon a eu beau s'offusquer de la "misogynie" de la presse à l'égard de sa femme Pénélope au moment des révélations du Canard Enchaîné et réserver une entrée "Femmes" dans son programme présidentiel, il est pourtant loin d'être un candidat féministe. Il l'a encore prouvé hier lors de son passage dans le grand oral de France 2 "15 minutes pour convaincre" sur France 2.
Invité à exposer les grands points de son programme pour la France face à David Pujadas et Léa Salamé, le candidat LR a fait montre d'un sexisme hallucinant envers cette dernière au motif qu'il n'appréciait pas sa question.
En novembre dernier en effet, François Fillon avait créé la polémique en déclarant vouloir réserver les remboursements de l'Assurance maladie aux "gros risques" et laisser le remboursement des "petits risques" aux mutuelles privées. À trois jours du premier scrutin, Léa Salamé a donc demandé à François Fillon de bien vouloir clarifier sa position quant à cette mesure controversée et qui a à plusieurs reprises été modifiée.
Voici la réponse que lui a formulée François Fillon :
"Je comprends que vous me posiez cette question, parce que vous avez été absente quelque temps et je me permets de vous en féliciter. Mais j'ai déjà répondu vingt fois [...] à la question."
Comprenez : si vous n'étiez pas tombée enceinte et ne vous étiez pas absentée pour accoucher, vous ne poseriez pas des questions aussi à côté de la plaque.
Cette sortie sous-entendant que Léa Salamé a mal fait son travail parce qu'elle est partie quelques temps en congé maternité est très mal passée auprès des téléspectateurs. Nombreux sont ceux à avoir vertement critiqué François Fillon pour son sexisme :
Et ils ont parfaitement raison. Comment, en 2017, peut-on sous-entendre qu'une femme de retour de congé maternité n'est plus aussi pertinente ni aussi compétente qu'avant d'avoir des enfants ? Tout ça parce que l'on refuse – et François Fillon est coutumier du fait – de répondre à une question qui ne nous plaît pas.
C'est d'autant plus honteux que ce n'est pas la première fois que François Fillon est accusé de discrimination envers une femme ayant choisi de concilier carrière et maternité. Buzzfeed rappelle qu'en novembre 2016, Nathalie Kosciusko-Morizet avait confirmé avoir été écartée d'un poste de ministre en 2009 parce qu'elle était enceinte.
Plutôt que de se contenter de mettre dans son programme de jolies mesures à destination des mères célibataires et de l'égalité salariale parce que ça fait bien de s'afficher un peu féministe de nos jours, Monsieur Fillon ferait bien de s'intéresser vraiment à défendre les droits des femmes. En commençant, par exemple, à lutter contre la discrimination contre les femmes enceintes en milieu professionnel. Sans parler du "plafond de mère" qui empêche les femmes ayant eu des enfants de briguer des postes à responsabilités ou à espérer obtenir le même salaire que leurs homologues masculins.
Pour rappel au candidat LR, nombreuses sont les mères de famille qui continuent à travailler au même rythme qu'avant la naissance de leur enfant. Cela ne les empêche pas, selon une étude réalisée en 2015 de considérer avoir été mises à l'écart suite à leur congé maternité. 25% des mères de plus de 30 ans et 20% des mères de moins de 20% ont ainsi été " écartées de prises de décisions auxquelles elles avaient l'habitude de participer au retour de leur congé maternité ".
La maternité reste encore et toujours un frein à la carrière des femmes. Combien sont celles qui ont dû renoncer à leur emploi ou travailler à mi-temps faute de mode de garde ? Combien encore sont placardisées par leur employeur à leur retour de congé maternité ? En insinuant que Léa Salamé n'est plus capable de faire correctement son travail, François Fillon fait exactement comme ces patrons qui refusent aux femmes de leur équipe une promotion ou un projet intéressant au motif qu'elles sont devenues mères de famille.
Le candidat LR nous avait déjà démontré par le passé qu'il n'était pas un fervent défenseur des droits des femmes. À trois jours du premier tour de l'élection présidentielle, il vient de nous le rappeler. Ne l'oublions pas encore une fois lorsque sera venu le moment de mettre un bulletin dans l'enveloppe dimanche.