Les noms de plusieurs ministres du gouvernement Borne 2, annoncé ce lundi 4 juillet soit quelques semaines après des résultats décevants pour la majorité présidentielle aux élections législatives, n'ont pas tardé à faire polémique. Principalement ceux de Christophe Béchu (Horizons) et de Caroline Cayeux (LR). Respectivement nommées ministre de la Transition écologique et ministre des Collectivités territoriales, les deux personnalités politiques se sont jusque-là illustrées pour leurs propos ouvertement homophobes et LGBTphobes.
En 2013, Christophe Béchu avait par exemple déclaré que le mariage pour tous n'était pas "un progrès de civilisation", mais "une menace pour l'équilibre de notre société", avant de voter contre la loi Taubira, rappelle Têtu. Alors sénateur, il avait également signé une tribune dans Valeurs Actuelles intitulée Dénaturation du mariage : la République fragilisée. Et de faire un parallèle écoeurant entre homosexualité et inceste en citant un magistrat au Sénat : "Comment, demain, refusera-t-on à un frère et une soeur qui s'aiment la possibilité de se marier, quand on aura déjà fait tomber le tabou du mariage homosexuel ?"
Mais ses faits d'armes ne s'arrêtent pas là. En 2016, celui qui est aussi maire d'Angers mais refusait de marier des couples gays, avait fait retirer des affiches de prévention contre le VIH. Son argument : "Les affiches parlant d'un coup d'un soir (...) participent, notamment pour les enfants (...) à une forme de trouble à l'ordre public". Et son équipe d'ajouter : "Des parents ont été choqués qu'on puisse valoriser une sexualité débridée".
A noter que la même année, il avait voté contre l'interdiction des néonicotinoïdes, un pesticide considéré comme nocif contre les abeilles. La transition écologique ? Pas franchement sa priorité, semble-t-il.
Caroline Cayeux, quant à elle, n'est clairement pas en reste côté valeurs réactionnaires, puisque cette proche de François Fillon s'était elle aussi fermement opposée au mariage pour tous, ainsi qu'à "une IVG qui pourrait être une pilule du lendemain", prouvant sa vision dépassée de la procédure dans une interview pour Le Point paru en 2017.
Tristement cynique, quand on se souvient que la Première ministre Elisabeth Borne assurait le 17 mai dernier vouloir "dire à toutes les personnes LGBT+ qu'elles trouveront en moi et mon gouvernement un allié pour défendre leurs droits et lutter contre toutes les discriminations".
Pour la Nupes (Nouvelle Union populaire écologique et sociale, coalition de partis de la gauche), il s'agit ni plus ni moins d'un "backlash", déplore la députée LFI Clémentine Autain. "L'homophobie se renforce au gouvernement. Notre époque est formidable", a de son côté lâché Sandrine Rousseau (EELV) sur Twitter.
Andy Kerbrat, député LFI de Loire-Atlantique, analyse à son tour que "la Manif pour tous se retrouve promue par le remaniement ". Et de conclure : "Le mandat Borne 2 commence sous de biens mauvais auspices pour les [personnes LGBTQIA+]."
Rappelons également que parmi ses anciens membres, Gérald Darmanin, accusé de viol, continue d'être intouchable puisque maintenu à son poste de ministre de l'Intérieur.