Jusqu'au 18 juin, on fonce sur ARTE (re)voir en ligne le documentaire "Citizen Jane", portrait blindé d'images d'archives de la grande Jane Fonda. Un coup de rétro sur sa carrière mais surtout, ses combats, ses convictions, les manifs où elle devint une icône contestataire. Tout en l'étant également devant les caméras !
C'est ce que démontre d'ailleurs cette immersion au plus près de la star hollywoodienne. "Après avoir fantasmé sur elle, l'Amérique réactionnaire a détruit Barbarella dans un feu de joie", constate cette habile dissection d'une rebelle à Hollywood. Sex symbol obsédant les mâles, Jane Fonda va vite faire déchanter les réacs en devenant ni plus ni moins que la némésis de l'Amérique nixonienne. Au fil des années, l'actrice oscarisée va volontiers dégommer les attentes et se faire tout un paquet d'ennemis au sein d'une Amérique conservatrice.
Un portrait à revoir gratuitement sur cette page. Et qui semble plus actuel que jamais !
Même s'il nous plonge dans les sixties, ce panorama fait beaucoup écho à l'ère #MeToo. Et ce, du regard masculin, le "male gaze", qui sexualise les femmes et en fait de simples objets de désir - un regard critique est apporté sur les rôles et les questions des journalistes (toujours curieuses) qui fantasment en elle la "Brigitte Bardot américaine" - à la force de contestation bien mise en valeur de la star, qui aujourd'hui n'hésite jamais à soutenir la militante écolo Greta Thunberg... Ou à se faire carrément arrêter en manifs !
"Formidable actrice, mais aussi féministe, militante antinucléaire, opposante à la guerre du Viêtnam... ce portrait haut en couleur de Jane Fonda est en résonance avec l'histoire récente des États-Unis, ses rêves et ses désillusions", décrypte d'ailleurs avec pertinence le site d'ARTE. "Au-delà de la fantastique carrière cinématographique de Jane Fonda, les combats politiques de l'actrice ont épousé les convulsions d'un ogre américain traumatisé par sa propre autodestruction, des années 1960 à nos jours".
Mais ce qui fascine également c'est la capacité d'introspection très acidulée de Jane "herself". Comme lorsqu'elle revient sur son passé de "pin up" : "J'étais un produit du marché et il fallait que je m'arrange pour me rendre commerciale". Où qu'elle ressasse ses premiers soubresauts contestataires, l'érigeant en épouvantail "antipatriotique" : "J'ai décidé que je ne pouvais plus fermer ma gueule, il fallait que je lutte !".
Autant de réflexions qui traversent ce voyage pas dépourvu de digressions plus légères - comme ce focus très eighties sur ses cours de fitness qui cartonnaient excessivement en VHS. Séance obligatoire !