Directement calqué sur Wikipédia, Gynopedia est un site participatif centré uniquement sur la santé sexuelle et reproductive des femmes. Le concept est simple : la plateforme partage des informations claires et précises sur l'accès aux soins selon les pays et villes. Que l'on cherche à connaître le prix d'une consultation gynécologique, la façon la plus rapide d'obtenir la pilule contraceptive ou encore si l'avortement est pratiqué dans le pays dans lequel on se trouve, Gynopedia entend apporter toutes les réponses aux questions des globe-trotteuses en vadrouille. Le site couvre actuellement une cinquantaine de continents, dont certains sont découpés par villes. Par exemple, Gynopedia a recensé les accès aux soins dans 13 grandes villes des États-Unis, mais pour le moment, seul Tokyo est accessible pour le Japon. Chaque ville est ensuite divisée en catégories, comme la "contraception", les "infections sexuelles transmissibles", "la grossesse" ou encore "les menstruations". En plus de d'apporter des informations claires, le site propose aussi la traduction de certains mots. Au Brésil, pour expliquer au pharmacien que l'on souffre d'une infection urinaire, il faudra ainsi dire : "Infecção do trato urinário".
Derrière Gynopedia, on trouve Lani Fried, une Américaine originaire de San Francisco. En pleine préparation d'un long voyage en Asie, la jeune femme s'est rendue compte qu'elle n'avait aucune idée de la façon d'obtenir la pilule contraceptive dans les 12 pays qu'elle s'apprêtait à visiter. Interrogée par le site Broadly, elle raconte comment les traditions culturelles propres à chaque pays peuvent devenir un casse-tête : "J'ai vécu à Istanbul un petit moment il y a quelques années, et je me souviens à quel point c'était compliqué d'avoir accès à un simple test MST. Et ce n'est pas seulement propre à la Turquie, j'ai aussi vécu dans différentes villes américaines et je dois toujours faire pas mal de recherches avant de trouver des informations pourtant essentielles".
Lani Fried a lancé Gynopedia en septembre dernier, se focalisant d'abord sur les villes dans lesquelles elles avaient vécues (comme New York) et qu'elles avaient visitées (Asie du Sud). Mais rapidement, elle a souhaité faire de son site une plateforme participative à l'image de Wikipédia. N'importe quelle personne peut donc apporter sa pierre à l'édifice. D'abord visité par un nombre réduits de personnes, Gynopedia réunit aujourd'hui une centaine de visiteurs par jour.
Et les chiffres devraient continuer à grossir puisque Lani Fried a pris contact avec des ONG locales et internationales et des organisations dédiées à la santé sexuelle et reproductive des femmes. L'ASAP (Asia Safe Abortion Partnership), un réseau d'activistes militant pour améliorer l'accès à l'avortement en Asie, l'a ainsi mis en contact avec des personnes au Pakistan, au Bangladesh, aux Philippines et au Sri Lanka. Egalement interrogée par Broadly, Garima Shrivastava, responsable de la communication chez ASAP, détaille cette collaboration : "Des gens ouverts d'esprit, qui ont une approche progressiste de l'éducation sexuelle et des droits des femmes en matière de reproduction, ont fait des recherches sur le terrain pour étoffer les catégories sur le site de Lani. Grâce à eux, vous avez maintenant des informations compréhensibles sur les lois qui entourent l'avortement au Karachi ou sur les endroits dans lesquels se rendre si l'on souhaite faire un dépistage MST à Manille".
Si Gynopedia peut s'avérer être une aide précieuse pour les femmes en voyage dans des pays en développement, la plateforme est tout aussi utile dans les pays occidentaux. Clair, précis, Gynopedia est aussi 100% transparent. Les femmes y trouvent des informations sûres qui vont leur permettre de prendre les bonnes décisions. Alors qu'en France, certains sites anti-IVG continuent de se déguiser en portails officiels dans le but d'induire intentionnellement en erreur les femmes, Gynopedia se place comme un endroit sain et responsable. La plateforme pourra ainsi apporter des précisions aux Françaises, mais aussi et surtout aider les voyageuses qui font face aussi bien à la barrière de la langue que la barrière culturelle. Et il en va de même pour un pays comme les États-Unis, où les femmes craignent aujourd'hui pour leurs droits.
Shannon Kowalski, directrice de l'IWHC (International Women's Health Coalition), explique à Broadly :"Nous vivons une époque régressive. L'administration de Donald Trump est en train de rendre l'accès à l'avortement compliqué partout dans le pays, mais elle essaie aussi délibérément d'empêcher l'accès à la contraception. Il y a une intention de contrôler la sexualité des femmes et de nous ramener aux années 50, quand nous n'avions pas de contrôle sur notre fertilité et nos corps". Selon elle, "Gynopedia pourrait devenir une ressource très intéressante pour les femmes qui voyagent, mais pourrait aussi devenir une référence pour celles qui vivent en Amérique".
Lani Fried conclut : "Gynopedia offre un moyen d'agir de chez soi. Quand j'ai lancé ce site, j'étais motivée par la conviction que les femmes, et les gens peu importe leur genre, doivent pouvoir prendre leurs propres décisions en ce qui concerne leurs corps. Qu'on choisisse de devenir parent ou de se faire avorter, d'avoir recours à la pilule contraceptive ou non, on doit pouvoir faire ses propres choix. Les décisions des femmes concernant leur santé ne devraient pas être une question politique".
Vous souhaitez participer à l'expansion de Gynopedia ? La vidéo ci-dessous vous expliquera comment naviguer sur le site mais aussi comment contribuer. La page "Guidelines" du site vous donnera également quelques détails. Notez que la plateforme est exclusivement anglophone.