La pilule contraceptive est une invention révolutionnaire, qui a transformé le quotidien des femmes en les autorisant, pour la première fois depuis des siècles, à ne plus lier le sexe à la peur de tomber enceinte. Cette libération est entamée en 1967, date à laquelle la pilule est commercialisée pour la première fois en France après son invention aux Etats-Unis par le docteur Gregory Pincus en 1956. Et elle remporte un franc succès au pays des droits de l'homme : aujourd'hui, en France, la pilule contraceptive est utilisée par plus d'une femme sur deux entre 15 et 49 ans, selon les chiffres du Planning Familial. Malgré les scandales sanitaires qui ont entaché son image, elle reste le moyen de contraception le plus populaire du pays.
Pourtant, le poids des tabous se fait encore sentir : de nombreux mythes sur la pilule sont éhontément colportés et nuisent à sa bonne utilisation. Les contre-indications et les recommandations farfelues se multiplient, faisant de la contraception un obscur mystère pour de nombreuses femmes, qui payeront la moindre erreur du lourd tribut d'une grossesse non-désirée.
C'est pourquoi il est non seulement nécessaire, mais aussi urgent, de faire tomber les fausses prescriptions qui nous poussent à l'erreur : sans une information claire et complète, la liberté des femmes sur leur fertilité et leur vie sexuelle n'est qu'une illusion estropiée. Voici doncun petit guide des erreurs à éviter avec votre pilule contraceptive.
La plupart des erreurs que nous faisons avec notre pilule vient de notre méconnaissance de sa composition, et donc de ses effets sur notre organisme. Beaucoup de femmes prennent religieusement leur petit comprimé tous les jours sans savoir réellement ce que cela induit, perdues entre les prescriptions contradictoires et le jargon médical. C'est cette ignorance involontaire qui provoque souvent des erreurs, en cas d'oubli de pilule, par exemple. Il est donc important de savoir quel type de pilule contraceptive on vous a prescrit afin de savoir comment réagir en cas d'incident. Il existe deux sortes de pilules contraceptives :
- des pilules estroprogestatives ou "combinées"
Comme leur nom l'indique, elles combinent deux hormones : un progestatif et un oestrogène, qui est toujours le même et porte le nom d'éthynil-estradioli. Si ce nom figure sur votre boîte, votre pilule est une pilule combinée. Il existe une trentaine de marques en France, et en général, à quelques exceptions près, elles se prennent trois semaines par mois, avec arrêt d'une semaine entre deux plaquettes.
- des pilules progestatives
Elles ne contiennent qu'une seule hormone, un progestatif. Elles sont beaucoup moins prescrites en France, et se prennent en continu, 365 jours par an sans interruption.
Les effets ne sont évidemment pas les mêmes. Les pilules combinées agissent sur l'hypophyse, une petite glande du cerveau qui stimule chaque mois les ovaires pour leur faire fabriquer un ovule. Normalement, lorsque l'ovule est fécondé, des hormones de grossesse sont libérées dans le système sanguin et envoient le message à l'hypophyse d'arrêter de produire des ovules, afin qu'une femme ne se retrouve pas enceinte de plusieurs bébés d'âges différents. Les pilules combinées jouent sur ce mécanisme : en fait, elles imitent la grossesse en libérant dans le sang des hormones similaires, afin que l'hypophyse "endorme" la production d'ovules. Le corps tout entier croît à la grossesse, ce qui explique pourquoi chez certaines femmes, ces pilules provoquent des gonflements des seins et des nausées.
Les pilules progestatives bloquent la grossesse en épaississant les sécrétions vaginales, afin de les rendre "imperméables" aux spermatozoïdes. Elles sont donc moins sûres que les pilules combinées, et doivent être prises en continu et à la même heure pour demeurer efficaces.
La réaction à avoir face à un oubli de pilule dépend, encore une fois, du type de pilule contraceptive que vous prenez. Dans tous les cas, prenez le comprimé oublié le plus vite possible, en calculant le nombre d'heures de retard que vous avez afin de savoir comment agir.
Les pilules combinées mettent environ une semaine à endormir la production d'ovules : par conséquent, si vous oubliez une pilule de votre première plaquette pendant plus de 12h (les 7 premiers jours), vous ne serez pas protégée contre une éventuelle grossesse et il vous faudra utiliser le préservatif durant cette semaine. Si vous avez oublié de prendre votre après les 7 premiers jours d'une plaquette, votre ovulation est déjà endormie, et il faut également une semaine pour la réveiller : vous ne pouvez donc pas tomber enceinte, et vous pouvez vous contenter de prendre la pilule oubliée le plus vite possible. Les oublis de moins de 12h sont sans conséquences.
Si vous prenez une pilule progestative, qui n'a qu'un effet "barrière", les risques sont différents. Une pilule progestative agit en 48h la première fois que vous la prenez. Par la suite, son effet ne dure que 27h. C'est pour cela qu'il faut veiller à la prendre régulièrement et toujours à la même heure, afin d'éviter de dépasser son délai d'efficacité. En cas d'oubli de plus de 3h, vous n'êtes plus protégée contre une éventuelle grossesse, et il faudra encore 27h après la prise du comprimé pour que vous le soyez à nouveau.
Si vous avez eu un rapport sexuel non-protégé alors que votre pilule ne vous protégeait plus, prenez le plus rapidement possible la pilule du lendemain. Sinon, utilisez simplement le préservatif lors de vos rapports sexuels jusqu'à ce que vous soyez à nouveau protégée par votre pilule.
Contrairement à ce qu'on entend encore fréquemment, vous ne risquez absolument rien si vous ne prenez pas vos placebos ou que vous zappez votre semaine d'arrêt. Non, vous ne deviendrez pas infertile et non, ce n'est pas dangereux pour votre santé !
Au contraire, prendre sa pilule en continu a de nombreux avantages. Non seulement cela limite les oublis, mais en plus, ça renforce l'efficacité du contraceptif. C'est particulièrement recommandé pour les femmes qui souffrent d'endométriose, de règles trop abondantes, de migraines, ou de symptômes pré-menstruels douloureux durant leur semaine d'arrêt.
De plus, il faut rappeler que durant vos semaines d'arrêt, vous n'avez pas vos "vraies" règles que vous avez, puisque votre corps croit à cause de la pilule combinée que vous êtes enceinte : ce sont des saignements provoqués artificiellement par l'arrêt des comprimés afin d'imiter le cycle naturel, qui ne sont donc en aucun cas nécessaires. D'ailleurs, l'implant, le stérilet ou la pilule progestative sont des contraceptifs pris en continu, et cela ne pose aucun problème. Non, il n'y a plus besoin de saigner pour être femme...
Beaucoup de femmes continuent de penser qu'une pilule peut nuire à une grossesse, voire même mettre fin à une grossesse. Certaines pensent même qu'en cas d'oubli, il suffit de continuer à prendre ses comprimés sans s'inquiéter parce que la pilule détruira le foetus s'il y a eu fécondation.
Or, la pilule a seulement une action préventive sur la grossesse. Elle ne peut que bloquer l'ovulation (pilule combinée) ou empêcher les spermatozoïdes de passer (pilule progestative). Dans le cas où la fécondation a déjà eu lieu, et que donc l'ovulation n'a pu être évitée ni les spermatozoïdes bloqués, elle sera simplement inefficace. Les pilules contraceptives sont de l'ordre de la prévention, et ne sont pas des pilules abortives qui ont le pouvoir de stopper le développement d'un foetus.