Très décriée depuisle scandale des pilules de 3ème génération et de plus en plus délaissée au profit d'autres moyens de contraception, la pilule a un effet protecteur contre le cancer de l'utérus (également appelé cancer de l'endomètre et distinct du cancer du col de l'utérus, ndr) selon une étude récente. Elle a ainsi évité 200 000 cancers de l'utérus, d'après des travaux publiés en ce début de mois d'août dans la très sérieuse revue The Lancet.
Pour arriver à cette conclusion, des chercheurs britanniques ont analysé une trentaine d'études épidémiologiques portant sur 143 019 femmes de 36 pays d'Europe, d'Amérique du Nord, d'Asie, d'Australie et d'Afrique du Sud. 27 276 femmes d'entre elles étaient atteintes d'un cancer de l'utérus tandis que les 115 743 autres étaient en bonne santé.
Selon l'étude, la prise d'un contraceptif oral pendant cinq ans réduirait le risque d'environ 25 % d'avoir un cancer de l'utérus avant 75 ans. Sa prise pendant dix ans diviserait pratiquement par deux le risque d'avoir un cancer de l'utérus, qui passerait ainsi de 2,3 cas pour 100 femmes à 1,3.
"L'effet protecteur important des contraceptifs oraux contre le cancer de l'utérus persiste des années après l'arrêt de la pilule", souligne en outre le Pr Valerie Beral de l'Université d'Oxford, qui a dirigé cette étude. Cet effet protecteur a été constaté même chez des femmes n'ayant pris la pilule que quelques années.
Des conclusions à ne pas prendre au pied de la lettre en raison des risques pour la santé que peuvent potentiellement représenter les contraceptifs oraux. Dans une note jointe à leurs travaux, les chercheurs précisent ainsi que si la pilule contraceptive dite oestro-progestative protège contre le cancer de l'utérus, elle augmente les risques de maladies cardio-vasculaires.
"Le bénéfice-risque est beaucoup plus favorable pour les formules existantes faiblement dosées en oestrogène, mais le risque de thrombose veineuse (formation de caillots dans les veines) reste plus important chez les femmes qui utilisent des contraceptifs oraux par rapport à celles qui n'en utilisent pas", notent ainsi Nicolas Wentzensen et Amy Berrington de Gonzalez de l'Institut de la santé à Bethesda (États-Unis).
Par ailleurs plusieurs études ont démontré que la pilule pouvait accroître légèrement le risque de développer certains cancers. Comme le précise L'AFP, en 2005, l'IARC, l'agence du cancer de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), jugeait en effet que la pilule était responsable d'une légère hausse du risque de cancer du sein, col de l'utérus et foie, mais qu'elle protégeait du cancer de l'ovaire et de l'utérus.