"Les seins ne sont pas des armes" scandent dimanche 2 août près de 200 hommes et femmes rassemblés devant le siège de police du district de Wan Chai, à Hong Kong. À bout de bras ou par dessus leurs vêtements, tous arborent des soutiens-gorge. "C'est la première fois de ma vie que je porte un soutien-gorge, confie James Hon, un professeur retraité de 66 ans. Mais nous avons dû nous résoudre à cette méthode bizarre pour dire au monde combien cette histoire est ridicule", rapporte20 minutes. Ce qu'ils contestent tous : la condamnation d'une femme accusée d'avoir agressé un policier avec sa poitrine.
En mars dernier, Ng Lai-Ying, employée de 30 ans, participe à une manifestation contre les hausses des prix à Hong Kong à cause de l'afflux de touristes chinois. Durant l'événement, un inspecteur de police pose sa main sur son sein gauche. Elle décide alors de porter plainte pour attentat à la pudeur. En réponse, le policier l'attaque à son tour, déclarant qu'elle a utilisé sa poitrine pour l'accuser.
Et c'est au policier que le tribunal donne raison : ils considèrent que la manifestante a "utilisé son identité féminine pour inventer l'accusation selon laquelle le policier l'aurait agressée" et aurait fait preuve d'une manoeuvre déloyale pour porter atteinte à sa réputation. Elle a été condamnée à trois mois et demi de prison.
Une décision qui a provoqué bon nombre de réactions outrées et a convaincu ces manifestants de se rassembler. "C'est choquant et regrettable que lorsqu'une femme déclare s'être fait agresser, cela soit interprété comme si c'était elle qui avait causé un problème", a déclaré auSouth China Morning Post, Luk Kit-ling, le porte parole de la manifestation. "Ce jugement, c'est comme pointer du doigt un cerf et l'appeler un cheval", s'est exclamé un autre manifestant.
Des manifestants plus que remontés qui se sont montrés très motivés : alors que la police a brandi au début de la manifestation un drapeau jaune, symbole que le rassemblement n'avait pas été autorisé et pouvait donc être poursuivi en justice, la foule s'est quand même amassée. Les manifestants ont quitté les lieux pacifiquement après avoir remis une pétition au représentant de la police. La député magistrat Michael Chan Pik-kiu, en charge de l'affaire, a tout de même déclaré se sentir en danger après que des manifestants ont accroché, à son encontre, des pancartes "Dieu te punira".
Les activistes veulent que leur action aient un rententissement bien plus grand que cette affaire. À CNN, la jeune Ng Cheuk Ling, 24 ans, explique "Si cela constitue un précédent, la police n'abusera plus seulement de son pouvoir mais enlèvera aussi aux femmes le droit de participer à des manifestations. Le harcélèment sexuel devient une tactique de répression policière." Bien au-delà d'un simple rassemblement en soutien-gorge, les manifestants veulent rappeler que les femmes doivent, elles aussi, pouvoir s'exprimer !