Cette année, les Victoires de la musique resteront dans les annales. Pour la cape de gants bleus en latex et fausses oreilles en plastique de Philippe Katerine, d'une part, pour la Victoire de Clara Luciani comme Artiste féminine de l'année d'une autre. Mais surtout pour l'élan de la chanteuse Hoshi, nommée dans la catégorie "révélation scène", qui a embrassé l'une de ses danseuses sur la bouche pour lutter contre l'homophobie (des remarques homophobes étaient d'ailleurs diffusées en arrière-plan au même moment, intégrées à la prestation). Un baiser applaudi par le public, mais aussi sur les réseaux sociaux.
"Tout ce qu'elle chante est beau, vrai", écrit notamment une internaute. "Tous les mots insultants ont été prononcés par des adultes frustrés mal-aimants. Hoshi chante l'envie d'aimer tout simplement et bellement". Un autre renchérit : "Bravo Hoshi pour ce beau baiser qui rassemble les gens et l'amour".
Dans sa chanson Amour Censure, l'artiste interprète du tube Ta Marinière dénonce ce fléau et l'ampleur qu'il a prise ces derniers temps - notamment avec le regain de la Manif' pour tous lors des débats sur la PMA pour toutes. Au fil des paroles, elle clame un hymne qui rappelle le slogan anglo-saxon "Love is love" : "Est-ce qu'on va un jour en finir, avec la haine et les injures ? Est-ce que quelqu'un viendra leur dire, qu'on s'aime et que c'est pas impur", chante-t-elle. "Il n'y a pas d'amour censure, il n'y a que de l'amour sincère." Ce message a fait écho, et ce pour la bonne cause.
Car en France, l'homophobie est bien présente. SOS homophobie atteste ainsi avoir reçu 1905 témoignages de victimes de discriminations liées à leur orientation sexuelle, en 2018, soit 44 % de plus qu'en 2015, peut-on lire sur l'Observatoire des inégalités. Une croissance inquiétante qui peut toutefois s'expliquer par la libération de la parole. "Qu'elles soient bies, lesbiennes, gays ou trans, [les victimes] hésitent sans doute moins qu'auparavant à signaler le rejet, les discriminations et les violences qu'elles subissent", estime l'association. "Chaque parole libérée contribue à rompre le silence et à rendre illégitime toutes les formes de gayphobie, de lesbophobie, de biphobie et de transphobie".
En décembre 2018, Hoshi, qui s'affichait alors librement avec sa partenaire et manager Gia Martinelli, a quant à elle accusé Paris Match de l'avoir "outée" sans son accord dans un portrait qui lui était dédié. La journaliste s'est par la suite défendue, évoquant qu'il n'y avait "rien de secret" quand à son orientation sexuelle, et qu'elle avait publié les mots de la chanteuse de 23 ans dans le but de faire "un pied de nez aux homophobes".