Imaginez que votre fille se trouve à l’école, comme chaque jour, occupée à étudier pour acquérir ce savoir que vous êtes fière de pouvoir lui offrir, et qui lui permettra de devenir ce qu’elle désire. Imaginez ensuite que débarquent dans son école des hommes en uniforme auxquels elles fera confiance lorsqu’ils lui demanderont, ainsi qu’à ses copines de classe, de les suivre, avant qu’elles ne comprennent qu’il s’agit en réalité d’un enlèvement massif. Imaginez que, le soir, vous appreniez alors que celle-ci n’est pas rentrée à la maison parce que, comme 275 autres de ses camarades, elle a disparu, kidnappée par ces inconnus, et qu’elle demeure, plus de vingt jours plus tard, introuvable.
C’est ce qui est arrivé à ces mères nigérianes dont on parle si peu, depuis l’enlèvement le 14 avril dernier de 276 lycéennes en pleine journée. Hier, le chef de leurs ravisseurs, un certain Abobakar Shekan, s’est exprimé dans une vidéo de 57 minutes reçue par l’AFP. Il y confirme détenir les fillettes – dont 53 sont parvenues à s’échapper –, et y exprime son mépris pour le droit à l’éducation des femmes. « J’ai dit que l’éducation occidentale devait cesser. (...) Les filles, vous devez quitter (l’école) et vous marier », déclare le leader de Boko Haram, le groupe islamiste armé qui terrorise le Nigeria, et dont le nom signifie purement et simplement « l’éducation occidentale est un péché ».
« Je vais les vendre sur le marché au nom d’Allah », ajoute-t-il ensuite, avant de crânement préciser qu’il épousera deux d’entre elles, âgées de douze et neuf ans.
Selon des sources gouvernementales, nombre de ces fillettes auraient d’ores et déjà été transférées vers les pays voisins, au Tchad et au Cameroun, vendues 12$ chacune.
Si vous avez cliqué sur cet article, c’est peut-être parce que le titre vous a interpellé. Vue d'ici comme d'ailleurs, une telle horreur paraît inconcevable. Cependant, et c'est bien connu, les barbaries paraissent toujours moins réelles, lorsqu'elles sont commises au loin.
Pourtant, ces filles pourraient être les vôtres, et ces mères qui, depuis des semaines, organisent dans tout le pays des manifestations sous le nom « Bring our girls back » (« Ramenez nos filles »), sont autant mères que nous le sommes. Une évidence… qu'il convient de rappeler avec force.
Sur Twitter et Instagram, la cause commence doucement à se faire connaître, et les messages de soutien à se multiplier sous le hashtag #BringOurGirlsBack. Alors, entre deux partages de buzz, de clash ou de news cocasse, glissons à nos followers une info ni LOL ni insolite dont la circulation permettra peut-être d'interpeller le plus grand nombre ?