Il y a un an seulement, Mathilde s'est lancée dans l'aventure avec sa soeur cadette de 2 ans, Constance. Les deux sont on ne peut plus complémentaires : à Mathilde le côté marketing, à Constance celui financier. Complémentaires, donc, mais surtout inséparables. " On a des conflits bien sûr, mais rien ne pourra jamais nous séparer car nous sommes des soeurs, " dit Mathilde en souriant, " avec le recul je me dis que je n'aurais jamais pu faire cette aventure avec une autre personne. "
L'année passée n'a pourtant pas été un long fleuve tranquille. Car l'idée de commercialiser le " frozen yogourt " américain devait être retravaillée pour coller au marché français. " Et puis, on voulait que cette marque nous ressemble, " précise Mathilde. Première étape, l'étude de marché. Les soeurs ont regardé à la loupe le marché du yaourt glacé à l'étranger, et celui, plus traditionnel, des glaciers en France. Pour se démarquer, les deux jeunes femmes ont choisi un positionnement haut de gamme : la recette a été travaillée pendant 6 mois par Gabrielle Jones, championne de France junior de pâtisserie, qui a notamment officié au Ritz. Mathilde lui avait lancé un vrai défi : trouver " une recette bonne et light, à base de yaourt 0% ". Et puis, pas question de travailler de la poudre de yaourt : chez it mylk on s'approvisionne directement à la ferme.
Après l'étude de marché et le travail sur l'offre, vient le business plan. C'est Constance, la financière, qui s'en charge. Côté financement, les filles ont mis de leur poche, mais aussi des investisseurs privés en quête de défiscalisation et une grande banque.
Entre temps, il a fallu trouver un nom pour l'entreprise, ce qui ne fût pas une mince affaire. Mathilde le confirme : " ça a été 4 mois d'enfer, à base de 200 brainstormings avec les copains. On a tout envisagé, des noms d'îles lointaines, aux noms de rues. " Finalement, 3 jours avant l'ouverture de la première boutique, elles se sont arrêtées sur " mylk " avec un y comme yaourt, auquel elles ont ajouté " it ", comme une petite touche branchée.
" Mais la principale difficulté que nous avons rencontré était de trouver un emplacement à Paris, " constate Mathilde. " Non seulement c'est cher mais en plus il faut être crédible, or nous n'étions que des jeunettes sans expérience de la restauration. " Grâce à leurs réseaux, elles jettent leur dévolu sur la rue de l'Ancienne Comédie, à quelques pas du Carrefour de l'Odéon. Et là, tout s'est accéléré. Ouverture de la boutique, puis un corner dans un grand magasin du 9e arrondissement, trois mois plus tard. Et les soeurs Lorenzi viennent d'investir dans un chariot pour vendre dans les salons et les événements parisiens. Six employés ont été recrutés.
" Ma journée type désormais: 11 heures de service et 5 heures de compta, c'est du non-stop" avoue Mathilde qui n'avait pas vraiment anticipé la dimension physique de son nouveau métier. " Mais ce qui n'a pas de prix, c'est cette liberté de choisir sans passer par une hiérarchie, et puis cette satisfaction intellectuelle permanente. "
De plus, les soeurs Lorenzi sont également des femmes pressées. Elles veulent développer la marque vite, en propre et en franchise. " L'idée c'est de lever de l'argent l'année prochaine, et de devenir une vraie chaine en ouvrant 10 boutiques ". Même l'hiver ne leur fait pas peur ! Avec un mois de juin " sibérique ", elles ont pu tester leurs ventes. Quand les températures descendront à nouveau, elles diversifieront leur offre pour se rapprocher de la crémerie de luxe.
" Après, on ne fait pas tout bien, " s'empresse d'ajouter Mathilde, " on a vraiment été aidées par nos amis, nos actionnaires, mais aussi les réseaux d'entrepreneurs. " Et en plus de ça, elles sont modestes.
3 conseils :
- Trouver un partenaire dans l'aventure
- Solliciter son entourage et son réseau
- Prendre des vacances avant de se lancer !
Photo: Mathilde Lorenzi, co-fondatrice de It Mylk