Le Parisien avait déjà publié le récit de Fanny Agostini, qui préférait rester anonyme à l'époque. C'est aujourd'hui celui de Marie (dont le prénom a été modifié), 61 ans, que le quotidien dévoile dans ses colonnes. Elle avait contacté la rédaction après avoir lu le témoignage de la journaliste, et a voulu raconter son histoire, qu'elle tait depuis 36 ans.
En 1988, Marie était hôtesse standardiste dans une importante entreprise de communication basée à Neuilly-Plaisance (Seine-Saint-Denis), contextualise le journal. Jean-Jacques Bourdin est déjà journaliste, sur RTL, et s'y rend "pour donner un cours de médiatraining", lit-on. Lorsqu'il lui aurait fait face, Marie dit s'être sentie "déshabillée du regard", comme elle l'a décrit aux policiers auprès desquels elle a finalement décidé de porter plainte mercredi 16 février, après hésitation et malgré la prescription des faits présumés.
Le journaliste aurait émis "des grognements de contentement et de satisfaction", se rappelle Marie. Avant de partir, il l'aurait fixée à nouveau, puis lui aurait fait signe qu'il l'appellerait plus tard. Il ne plaisantait pas : quelques heures plus tard le téléphone de l'accueil sonne. C'est lui, affirme Marie au Parisien et aux forces de l'ordre. Il lui aurait dit la trouver "très sexy, avoir été excité et l'avoir fait bander". Un "rituel" qui se serait reproduit tous les jours pendant quasiment deux semaines.
Il lui propose un jour de visiter les locaux, ce qu'elle accepte. A son arrivée, il vient la chercher en voiture avant l'entrée du bâtiment, "pour ne pas faire jaser". "J'étais timide et impressionnée car je savais qu'il était connu", poursuit-elle dans sa déposition. "Il s'est garé dans une petite rue. (...) Il m'a regardée d'une façon très intense et tout s'est déroulé rapidement. Il a ouvert la braguette de son pantalon et a fait apparaître son sexe en érection. Il était comme entré en transe. Il avait comme un nouveau visage, une double face. Il m'a dit : Je sais que toi aussi tu en as envie."
La jeune femme serait restée "hébétée, tétanisée, pas du tout préparée à ça", se souvient-elle aujourd'hui. L'homme lui aurait proposé de l'argent. "Il m'a dit qu'il adorait faire ça en payant". Et d'ajouter : "Il m'a demandé de jouer la pute, la salope", puis aurait "sorti un carnet de chèque long, recouvert de cuir noir". "Il m'a demandé combien je voulais. Il a dit 2 000 francs et a rempli le chèque. Je me rappelle l'encre bleue et d'une écriture en patte de mouche. Il tremblait et m'a dit que si j'étais gentille avec lui et que si je faisais ce qu'il voulait il y en aurait d'autres, de chèques."
Jean-Jacques Bourdin aurait alors tenté de l'embrasser "de façon assez brutale, en rapprochant son corps contre le mien et en me coinçant contre la portière". Elle poursuit : "J'étais acculée, j'ai tenté de le repousser. Il a attrapé ma main gauche avec sa main droite et l'a dirigée vers son sexe toujours en érection". Il aurait ajouté : "Vas-y, je sais que tu en meurs d'envie". "Je ne sais pas si j'ai touché son sexe ou si je l'ai juste effleuré, j'étais apeurée et j'ai cherché une échappatoire". Elle réussit à ouvrir la portière. "Alors que je sortais, je l'ai entendu dire d'une voix en colère : 'Tu m'as bien excité, petite pute'."
Un témoignage éprouvant, "même si longtemps après" (les faits sont prescrits). Si elle le livre cependant, c'est parce qu'elle aimerait "que justice soit faite, et que d'autres femmes trouvent ce même courage" de parler.
L'avocat de Jean-Jacques Bourdin n'a pas encore réagi à cette nouvelle plainte ce vendredi 18 février.