Ce n'est qu'à 61 ans, vingt-deux ans après la mort de Klaus Kinski, que Pola Kinski a décidé de briser le silence, et de raconter le supplice que son père lui a fait subir pendant des années. Elle qui a attendu que ses trois enfants soient grands est désormais prête à raconter les années où son père a abusé d'elle.
Dans un entretien accordé au Nouvel Observateur, paru ce jeudi 3 octobre et relayé par le site Pure People, Pola Kinski raconte tout. Des premiers attouchements, lorsqu'elle avait cinq ans, jusqu'au jour où, quinze ans plus tard, elle décide de mettre fin au calvaire qu'elle endure et s'enfuit. Son livre, Kindermund, qui paraît aujourd'hui aux Éditions Michel Lafon sous le titre Tu ne diras jamais rien, est glaçant d'horreur tant il révèle que, derrière l'acteur respecté, figure de proue du Nouveau cinéma allemand des années 1960 et 1970, se cache en réalité un monstre. Un « être humain qui n'en respectait aucun », qui a violé Pola et tenté d'abuser de sa seconde fille, la demi-sœur de Pola, l'actrice Nastassja Kinski. « Tu ne diras rien. Jamais ! Si tu parles, j'irai en prison », lui aurait dit Klaus Kinski après l'avoir violée une première fois, à l'âge de neuf ans.
Il lui a fallu des années pour parler, pour briser le tabou autour du viol et la loi du silence qui a régné des années dans sa famille. Pourtant, explique Pola, de nombreux détails de la vie de Klaus Kinski révélaient ses déviances. Il écrit dans son autobiographie : « À travers toute cette fornication, je ne cherche qu'à donner de l'amour. Peu importe à qui, ma mère ou ma sœur, ma femme ou ma fille. » Werner Herzog, le réalisateur qui a le plus fait tourner Klaus Kinski, dit d'ailleurs de lui, dans ses mémoires : « Il se fiche des lois. [...] Il décrit ce qu'il a fait à ses deux filles, Pola et Nastassja. Rien que pour ça il aurait dû avoir vingt ans de prison. »
Si Pola n'a jamais pu se rapprocher de sa mère, la chanteuse Gislinde Kühlbeck, qui « se doutait de quelque chose » mais considérait Pola comme une rivale, elle peut compter sur le soutien indéfectible de son demi-frère, Nikolaï, et de sa demi-sœur Nastassja. Celle-ci a d'ailleurs dit à propos de Pola, dans une interview accordée au journal Bild Zeitung : « Ma sœur est une héroïne d'avoir brisé le silence. »
Photo : À gauche, Klaus Kinski, sa femme Ruth et leur fille Nastassja dans les années 1960, à droite Pola Kinski en 2001.