C'en est fini de l'interdiction discriminatoire faite aux soldates Afro-Américaines de se coiffer de tresses, de twists ou de dreadlocks. Trois ans après sa mise en application, le commandement 670-1 décidant très strictement du style des soldats américains vient d'être assoupli par une directive de l'armée. Désormais, 27 600 noires Américaines en service actif dans l'armée (soit un tiers des effectifs) pourront porter des coiffures afro sans que cela ne porte préjudice à leur carrière. Les femmes servant dans le Corps des Marines peuvent elles aussi porter tresses et torsions, et ce depuis fin 2015.
"Nous avons compris qu'il n'y avait pas besoin de faire la différence entre les dreadlocks, les cornrows (les tresses plaquées, ndlr) ou les torsions aussi longtemps qu'elles sont de dimension similaire", a déclaré à The Guardian Northwest le sergent major du bureau du chef adjoint du personnel Anthony J. Moore. "Les femmes, en particulier les femmes d'origine afro-américaine, ont demandé depuis un certain temps de pouvoir porter des tresses et des dreadlocks, car cela est plus facile pour elles d'entretenir cette coiffure."
Seule obligation demandée par l'armée : que chaque tresse ou dreadlock soit "de dimension uniforme, d'un diamètre inférieur à un demi-pouce" et qu'elle présente "une apparence soignée, professionnelle et bien entretenue".
Pour les militaires noires Américaines, cet assouplissement du règlement est une vraie victoire. En mars 2014 en effet, elles avaient perdu le droit d'opter pour des tresses, le commandement exigeant que ses soldates portent, au choix, les cheveux courts, mi-longs ou longs et attachés. Soit des sommations quasi-impossibles à tenir pour les femmes ayant des cheveux crépus non lissés. "La plupart des femmes noires n'ont pas les cheveux qui poussent vers le bas, mais vers l'extérieur. Je suis déçue de voir que l'armée, au lieu de s'informer sur la manière dont les personnes noires se coiffent, a plutôt tout pensé pour les Blancs", s'indignait alors le sergent Jasmine Jacobs sur le site Army Times, et dont s'étaient faits écho Les Inrocks.
La capitaine Danielle N. Roach, qui officie dans l'armée américaine depuis plus de quatorze ans, a accueilli cet assouplissement du commandement 670-1 comme une bénédiction, elle qui dépensait environ 80 dollars par mois pour des produits capillaires agressifs censés raidir ses cheveux afro. "Je ne pensais pas que cela arriverait avant ma retraite", a-t-elle déclaré au New Yorks Times. Ça ne pouvait pas être réel. Ça a été un choc pour beaucoup de gens."
Selon Davette Mabrie, coiffeur de 36 ans à San Antonio, les produits servant à défriser les cheveux sont si forts qu'ils peuvent endommager irrémédiablement les cheveux et causer leur chute. Selon The Guardian Northwest, depuis l'assouplissement du règlement le 5 janvier dernier, toutes les femmes afro-Américaines officiant dans l'armée ont décidé de porter des tresses.