On savait déjà que l'égalité salariale, ce n'était pas pour tout de suite. Un nouveau de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) rendu public mercredi 4 octobre vient de le confirmer une nouvelle fois.
Menée dans l'ensemble des pays membres de l'organisation, l'étude met en lumière la persistance des inégalités salariales entre les femmes et les hommes. Selon l'OCDE, différence de traitement constitue non seulement une discrimination, mais aussi "un obstacle majeur à une croissance économique inclusive".
Présenté pour l'ouverture du Women's Forum, qui se tient actuellement à Paris, le rapport intitulé "Atteindre l'égalité femmes-hommes : un combat difficile" n'est guère optimiste sur les politiques menées par les pays membres de l'OCDE pour réduire les inégalités salariales. En 2015, une salariée à temps plein gagnait en moyenne un salaire mensuel 14,3% moins élevé que ses homologues masculins dans la zone OCDE. "Très peu de progrès ont été accomplis ces cinq dernières années et les inégalités persistent entre femmes et hommes dans tous les domaines de la vie sociale et économique, et dans tous les pays à tous les stades de développement", indique le rapport.
Tous les pays membres n'en sont pas au même stade pour réduire les inégalités salariales. L'Inde (56%), l'Afrique du Sud (41%) et la Corée du Sud (37%) sont les trois pays où l'écart salarial entre femmes et hommes et le plus criant. À l'inverse, le Costa Rica, le Luxembourg et la Belgique font figure de bons élèves : l'écart moyen entre les salaires des femmes et des hommes ne dépasse pas 4%.
Et la France dans tout ça ? Chez nous, l'écart salarial se situe toujours autour des 10%. "Aucun pays au monde n'a réussi à instaurer la parité. Même les pays les plus égalitaires continuent d'enregistrer des décalages inquiétants entre hommes et femmes", regrette l'Organisation qui salue néanmoins les efforts déployés par la France ces dernières années pour enrayer les inégalités salariales.
"L'égalité femmes-hommes est au coeur des politiques d'aide à la conciliation entre travail et vie familiale mises en oeuvre en France depuis plusieurs décennies. Pour cette raison, la France occupe une place plutôt favorable par rapport aux autres pays en matière d'emploi des femmes et des aides pour concilier travail et vie familiale."
Des progrès restent toutefois à réaliser pour arriver à l'égalité entre les femmes et les hommes dans le monde du travail. Outre l'écart salarial, l'OCDE pointe les autres discriminations qui entravent la carrière des femmes.
Ainsi, elles ont beau étudier plus longtemps que les hommes, les femmes continuent à être sous-représentées dans le secteur des sciences, des technologies, de l'ingénierie et des mathématiques (STIM). Secteurs pourtant porteurs en termes d'emploi et extrêmement lucratifs pour celles et ceux y faisant carrière.
Les femmes des pays de l'OCDE peinent aussi à s'imposer comme leader. Occupant des postes de "moindre qualité" qui "offrent une protection sociale limitée" et sont "synonymes de précarité", elles sont sous-représentées aux postes de direction dans le secteur public et politique. La France ne fait pas exception puisque seules 31,7% des postes de cadres dirigeants sont occupés par des femmes.
Signe que le lien est désormais clairement établi entre inégalités au travail et articulation des temps de vie, le rapport de l'OCDE insiste met en lumière l'incidence de l'inégale répartition des tâches domestiques au sein du foyer et le faible salaire des femmes. Dans tous les pays membres, ce sont les femmes qui accomplissent l'essentiel des tâches domestiques et la prise en charge des enfants.
Ce "travail non rémunéré" pèse sur leur avancement professionnel, notamment en Corée du Sud, au Japon, au Mexique, au Portugal et en Italie où elles accomplissent 75% des tâches au sein du foyer. D'où, selon les auteurs des rapports, la nécessité d'impliquer davantage les hommes dans la prise en charge de ces tâches relevant de la sphère privée. Plusieurs pistes sont évoquées et jugées "cruciales" pour aider les femmes "participer pleinement au marché du travail, à la société et à l'économie" : "l'implication des pères dans la prise en charge des enfants", notamment en rallongeant le congé de paternité rémunéré et en réservant une partie du congé parental au pères uniquement.