L'instinct maternel existe-il vraiment ? Une question pas franchement nouvelle, qui fait l'objet de débats au sein de nos sociétés depuis de nombreuses années. Cette vaste étude publiée dans la revue scientifique américaine Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America (PNAS) et dévoilée ce lundi promet d'alimenter le débat avec, cette fois, des arguments biologiques. Réalisées sur 684 femmes originaires de 11 pays (Argentine, Belgique, Brésil, Cameroun, Corée du Sud, États-Unis, France, Israël, Italie, Japon, Kenya), les recherches ont consisté à étudier l'activité cérébrale via des examens d'imageries par résonance magnétique (IRM) des mamans lorsque leur bébé pleure.
Les chercheurs ont constaté que pour calmer leur enfant, la plupart des mamans ont le réflexe de d'abord le prendre dans leurs bras et de lui parler. En agissant ainsi, ces femmes activent les zones frontales du cerveau reliées aux actions de parler et de se déplacer, ainsi qu'au langage et à la capacité d'interpréter des sons. "Ces résultats laissent penser que les réponses des mères aux pleurs de leur bébé sont bien programmées dans le cerveau et communes à l'ensemble des cultures", en concluent les auteurs de l'étude. Autrement dit, l'instinct maternel serait universel.
Si l'étude est tout ce qu'il y a de plus sérieuse, elle ne risque pas de plaire à tout le monde, et certainement pas à la philosophe Elizabeth Badinter, grande féministe célèbre pour son combat en faveur de l'égalité des sexes. Elle avait notamment dézingué le concept d"instinct maternel". Dans un billet d'humeur publié dans le quotidien suisse Le Temps, la journaliste Marie-Pierre Genecand commente l'étude : "Il va donc falloir digérer la nouvelle. Et espérer qu'elle ne coupe pas (plus) les ailes des jeunes femmes qui, multidiplômées, abandonnent l'idée d'occuper des postes à responsabilité pour pouponner".
Plusieurs études menées ces dernières années ont cependant montré que l'homme aussi pouvait faire preuve d'un certain "instinct" vis-à-vis de son enfant. Un article publié dans Nature en 2013 expliquait par exemple que les pères pouvaient aussi bien reconnaître les pleurs de leur bébé que les mères, en fonction du temps passé avec l'enfant. Alors, à quand une étude sur l'instinct paternel biologique ?