La République islamique d'Iran étudie des méthodes on ne peut plus radicales pour stopper la chute du taux de natalité du pays, passé de 3,20 enfants par femme, en moyenne, en 1995 à 1,92 en 2012 (voir graphique ci-dessous), et le vieillissement de sa population. Cette évolution de la pyramide des âges est particulièrement crainte par l'ayatollah Ali Khamenei, principale autorité religieuse du pays, qui avait déclaré l'an passé aux iraniens : "Nous ne devrions pas être un pays de 75 millions d'habitants, nous avons la capacité de devenir un pays d'au moins 150 millions d'habitants, si ce n'est plus". Un objectif que le "guide" entend atteindre d'ici 50 ans.
Ainsi, après avoir déjà rogné sur "le budget consacré au planning familial (...) et supprimé les subventions pour les vasectomies, deuxième moyen de contraception le plus utilisé dans le pays", indique Libération , le Parlement se prépare à examiner deux projets de loi particulièrement liberticides et qui font craindre à l'organisation non gouvernementale Amnesty International que les femmes iraniennes soient réduites à un rôle de "machines à bébés".
Le projet de loi "visant à accroître le taux de fertilité et à prévenir le déclin de la population" ou loi 446 dispose, en plus de l'interdiction de l'avortement déjà en vigueur (sauf cas particuliers), l'interdiction de la stérilisation "pour empêcher le déclin de la population" mais aussi le blocage de l'information et de l'accès à la contraception. Une décision qui pourrait engendrer une recrudescence des maladies sexuellement transmissibles, notamment du VIH. Le texte en plus de risquer de " priver les Iraniennes de droits fondamentaux comme celui de disposer de leur corps", créerait, dans un second volet, des inégalités d'accès à l'emploi.
En effet, le projet de loi "global sur la population et l'exaltation de la famille" (loi 315) prévoit de s'attaquer directement aux femmes qui font le choix de ne pas se marier, de ne pas avoir d'enfant, ou qui ne le peuvent pas.
"Ce texte de loi enjoint à tous les organismes privés et publics, lorsqu'ils recrutent à certains postes, d'accorder la priorité, dans l'ordre, aux hommes ayant des enfants, aux hommes mariés sans enfant et aux femmes mariées ayant des enfants", rapporte Amnesty International. Et l'ONG de poursuivre : "En outre, ce texte rend plus difficile le divorce et décourage l'intervention de la police et de la justice dans les conflits au sein de la famille", accroissant par la même le risque de violences conjugales.
La législation, si elle venait à être adoptée par le Parlement, irait à rebours des paroles pourtant prononcées par le même Ali Khamenei, dimanche 8 mars, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes. L'ayatollah avait affirmé, dans une vidéo postée sur YouTube : " Il n'y a pas de différences entre les hommes et les femmes" . Sauf en matière de libre disposition de son corps et d'embauche donc...