Ayse, jeune turque de 19 ans, est choisie pour épouser Hasan, le fils d’une famille turque installée en Autriche. Derrière ce mariage de deux beaux jeunes gens, se cache en réalité une vérité plus difficile à admettre. Fatma, la mère de la famille est atteinte d’un cancer et mourante. Elle souhaite trouver pour son époux et ses enfants, une femme et mère de substitution. La jeune Ayse semble parfaite pour ce rôle. Douce, délicate et pure, la jeune villageoise se retrouve du jour au lendemain dans un pays étranger, loin des siens, mariée de fait à un homme qui pourrait être son père.
Les filles du couple vivent extrêmement mal l’arrivée de cette étrangère dans leur foyer et ne cessent de lui faire comprendre qu’elle n’est pas la bienvenue. Leur colère est amplifiée par l’affection que porte leur mère à cette intruse, quand elles-mêmes peinent à la satisfaire et à lui tirer quelques gestes de tendresse.
« Une seconde femme » est le premier long-métrage d’Umut Dag, jeune autrichien d’origine turque, élève de Michael Haneke. C’est le récit de traditions pesantes, principalement véhiculées par les femmes. Il évoque comment les femmes, davantage que les hommes, perpétuent le martyr de leurs consœurs.
Avec beaucoup de pudeur, le réalisateur capte les tensions mais aussi la tendresse au sein de cet étrange foyer où la mère prépare le lit nuptial qui recevra son propre mari et la jeune Ayse, exigeant du vieil homme qu’il prenne bien soin de cette nouvelle épouse. On assiste à la complicité entre Fatma et sa fausse belle-fille, sa remplaçante. La douceur de celle-ci, sa tempérance et sa façon d’accepter sans conditions ce mensonge qu’elle doit maintenir aux yeux de la société nous perturbent.
Toutefois, on perçoit une faille. Les regards énamourés d’Ayse envers Hasan, son supposé mari, et ceux très appuyés du collègue de travail de la jeune femme. On ressent avec beaucoup de force l’enfermement de cette « perle » comme le dit l’une des voisines de la famille. Malgré sa docilité, elle reste une femme, jeune de surcroit et qui a eu pour unique relation amoureuse, une union imposée avec un vieil homme de trois fois son âge.
Extrêmement fort, surprenant et émouvant, « Une seconde femme » est une belle entrée en matière pour ce jeune réalisateur. Le casting a également été très bien choisi. On ne perçoit jamais une fausse note dans le jeu de ces acteurs méconnus en France.
On attend déjà les prochaines œuvres d’Umut Dag !
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