"Vous ne savez pas réfléchir. Trouvez-vous un mari riche, ça sera la seule façon de vous en sortir dans la vie."
"Maîtriser l'informatique, c'est bien, ça servira pour celles qui veulent se reconvertir en secrétaires."
"Il n'y a aucune différence entre la salope française et la salope italienne. Les deux, ce qu'elles aiment, c'est acheter des sacs à main."
Lorsqu'elles sont arrivées hier pour suivre leurs cours de la journée, les étudiantes de l'Université de Strasbourg sont tombées nez à nez avec ces messages sexistes, placardés un peu partout sur les murs du campus.
L'initiative n'est pas l'oeuvre de trolls misogynes, mais celle de l'association féministe Collectif Copines et du syndicat étudiant UNEF, révèle Rue89. L'objectif, en cette Journée internationale des droits des femmes, était clair : mettre en lumière les paroles sexistes proférées par les professeurs et étudiants au sein de l'Université. Et surtout, sensibiliser l'administration pour que ce genre de phrases dégradantes ne soient plus jamais prononcées dans ce lieu de savoir qu'est l'Université.
Car il faut dire que les phrases sélectionnées sont particulièrement gratinées. Insultantes, grossières, bourrées de clichés et toutes honteuses, elles n'ont en aucune façon leur place à l'Université de Strasbourg.
Toutes ces phrases choquantes ont bien été prononcées dans l'enceinte de la faculté. Le Collectif Copines les a toutes sélectionnées sur le tumblr Paye ta Fac, qui épingle le sexisme du milieu universitaire.
En janvier, l'administration de la fac de Strasbourg s'était fait l'écho de l'initiative, et avait assuré que l'Unistra "réfléchissait à créer une cellule d'écoute" pour lutter contre le sexisme. Depuis, l'Université a publié sur son site Internet une liste des contacts utiles en cas de harcèlement ou de remarques sexistes sur le campus. C'est bien, mais loin d'être suffisant, estime Barbara Sclafer, porte-parole du Collectif Copines. Interrogée par Rue89, elle affirme que la lutte contre les remarques et le harcèlement sexiste ne peut se contenter de conférences pour débattre du sujet.
"À Sciences-Po, l'administration avait réagi et met en place une référente discrimination et une charte anti-sexiste. Nous pensons que celle-ci devrait être étendue à l'ensemble de l'université. Ces messages rappellent qu'il faut faire quelque chose."
L'Université de Strasbourg, qui organisait ce 8 mars un débat sur l'égalité femmes-hommes, n'a pas encore réagi publiquement à l'initiative de Collectif Copines.