Au Mozambique (pays voisin de l’Afrique du Sud) il existe une pièce de l’habillement qui est appelée « capulana » et dont on se sert dans tout le pays pour couvrir la tête et le corps. La « capulana » est utilisée par les deux sexes, mais plus particulièrement par les femmes.
La « capulana » est un tissu de différentes dimensions élaboré avec du coton, des fibres synthétiques ou tout autre matériau, avec des motifs africains et parfois des symboles issus de la nature et de couleurs très vives.
On ne connait pas l'origine exacte du terme « capulana », mais on le retrouve dans un récit de 1890 sur la baie de Delagoa (ou Baie de l’Esprit Saint à Lourenço Marques) qui décrit les vêtements des femmes de la région en distinguant clairement l'utilisation de la « capulana » d'autres types de vêtements.
Le commerce des tissus avec le continent asiatique est antérieur à l’arrivée des portugais au Mozambique, à la fin du XVe siècle.
C’est le développement de ce commerce, en contrepartie de l’or, de l’ivoire ou des esclaves, qui a apporté toutes sortes de tissus et permis la diffusion de la « capulana » comme pièce d’habillement.
Les opérateurs étrangers avaient l'obligation d'offrir des vêtements aux femmes des dirigeants africains et des marchands qui faisaient le commerce. Ainsi ces femmes ont sans doute accéléré l’abandon des vêtements fabriqués à base de paille sèche ou de feuilles d'arbres pour l’adoption de ceux confectionnés avec des tissus.
C'est seulement au XXe siècle, vers 1920, qu’à l'échelle nationale, commence à se développer l'utilisation massive des « capulanas » colorées, c’est-à-dire celles dont le niveau et la qualité des tissus correspondent à la conception actuelle de la « capulana ».
A partir des années 1930-1940, dans tout le territoire, y compris l'arrière-pays et la côte, l'utilisation de la capulana a été répandue. A cette époque là, les paysannes ont commencé à avoir accès à la « capulana » par les échanges de ces tissus en contrepartie des produits agricoles tels que la noix de cajou, les cacahuètes, les graines de sésame, parmi d’autres produits.
A l’origine, toutes les femmes utilisaient deux morceaux du même pagne, l’un autour de la taille, qui se prolongeait parfois jusqu’aux genoux, et l’autre autour de la poitrine. La dimension de ces deux morceaux était très différente entre les femmes selon leurs conditions sociales. Les premières femmes à utiliser des « capulanas » allant jusqu’aux genoux furent les épouses des rois, chefs et commerçants.
La longueur du tissu employé était aussi en relation directe avec l’âge de la femme. Plus elle était jeune plus la « capulana » utilisée était courte.
Des couleurs spécifiques étaient utilisées en liaison avec le statut social, les rituels traditionnels et les croyances culturelles et religieuses.
Actuellement, chaque femme mozambicaine a au moins une capulana qu’elle utilise dans diverses occasions telles que la discussion d’une situation importante, les naissances, les mariages, les funérailles, la pratique de la médecine traditionnelle, etc.
La manière dont la « capulana » est nouée permet de reconnaître si la femme est du Sud, du Centre ou du Nord, de la côte ou de l'intérieur. Cela dit aussi, selon les régions, si elle est encore impubère, ou par contre si elle est à marier, si elle est déjà engagée, mariée, divorcée ou veuve.
La naissance d’un enfant provoque l’achat d’une « capulana » particulière le « ntehe » qui sert à porter les bébés dans le dos, libérant ainsi les mains pour les tâches ménagères.
Cette première « capulana » est suivie par d’autres, particulièrement dans le cas d’une femme, pour qui tous les actes importants de sa vie sont marqués par l’apparition des « capulanas ».
Si la robe européenne est très présente dans les villes, la « capulana » est encore dominante à la campagne où habite 70% de la population.
La « capulana » est également utilisé par les hommes : certains danseurs (mapico, ngalanga ou Chigubo) et encore par les « Vanalombos » sorte de gardiens dans les cérémonies d’initiation masculines au nord du Mozambique.
À l'heure actuelle il y a un renouveau dans l'utilisation de la « capulana ». En effet, on voit de jolies tenues confectionnées à partir des « capulanas » et portées par les femmes membres du gouvernement à l’occasion de cérémonies officielles, par exemple, ce qui a une influence indéniable sur la population.
Marta Ines Sastre
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