« Tous les reportages Bloobmerg News doivent inclure au moins une citation de femme, et il serait préférable qu’autant d’hommes que de femmes soient cités comme sources ». Telle est la directive reçue en début de semaine dernière par les journalistes de l’agence de presse américaine Bloomberg News. Le site talkingbiznews.com, qui a révélé cette information, attribue cette demande à Matthew Winkler, le rédacteur en chef de cette agence spécialisée dans l’économie et la finance. « Les femmes sont impliquées dans tous les secteurs que nous couvrons. Nos articles doivent refléter cette variété », a-t-il insisté dans son e-mail hebdomadaire, rappelant à ses rédacteurs que les coordonnées de 800 expertes étaient à leur disposition.
Selon une précision de Slate.fr toutefois, seuls les articles longs, pour lesquels les rédacteurs peuvent prendre le temps nécessaire pour sélectionner leurs sources, seraient concernés. Quoi qu’il en soit cette initiative, la première du genre pour un organe de presse (et non des moindres), arrive à point nommé. En effet, en Grande-Bretagne où Bloombmerg News est implanté, la sous-représentation des femmes dans les médias, télévisés notamment, a récemment fait polémique. Loin d’être propre à nos voisins d’Outre-Manche, cette absence de parité s’observe également en France.
En effet, en 2011 déjà, un rapport rédigé conjointement par Michèle Reiser, ex-membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et Brigitte Grésy, membre du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, révélait que les femmes représentaient moins du quart (24%) des personnes intervenant à la télévision, à la radio ou dans la presse. Un chiffre qui tombait à 20% lorsqu’elles étaient invitées à s’exprimer en tant qu’expertes. « En termes de présence et de temps de parole d’invités féminins lors de journaux télévisés, de débats politiques ou de société, on en reste toujours à une répartition très inégale », avait d’ailleurs déploré Brigitte Grésy à l’époque. « Les femmes sont toujours moins expertes et plus anonymes. Elles interviennent davantage en tant que victime ou témoin. Les médias ont tendance à faire intervenir davantage d’hommes en tant qu’experts car ils les estiment plus aptes à transmettre un message de manière claire et concise », avait-elle encore analysé.
Afin d’inverser la tendance et de fournir aux journalistes français un carnet d’adresses de femmes expertes dans différents domaines, l’agence EpOke Conseil en collaboration avec les éditions Anne Carrière, publie et réédite depuis 2013 le Guide des Expertes. Aéronautique, géopolitique ou environnement, trouver une experte n’a jamais été aussi simple.