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



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
C'était mieux avant, vraiment ?
On ne peut pas dire qu'on regrette beaucoup les décennies précédentes. L'hyper sexualisation de n'importe quelle star féminine, le harcèlement sexuel qui se faisait tranquillement passer pour "un gag" lors des cérémonies (Cameron Diaz peut en témoigner), et puis, la grossophobie, banalisée, partout, surtout dans la presse féminine et people. Kate Winslet en a été violemment victime, c'est dire.
Mais Kate n'est pas la seule à avoir subi des remarques sexistes sur son poids jugé démesuré (oui), sa poitrine, ses cuisses. Mariah Carey, la Voix d'une décennie, capable de rivaliser en octaves avec Whitney Houston et Céline Dion, fut la victime de toute une flopée de "décryptages" insultants jugeant la star à la limite de l'obésité. Sans rire.
Ce dont témoigne cet encart de magazine récemment repêché, qualifiant la chanteuse de "porcine" aux "grosses cuisses", n'hésitant pas à employer le terme "fat" (grosse) pour la désigner... Et l'enfer de se poursuivre par-delà ces lignes.
Dans cet encart blindé de jeux de mots et d'onomatopées censées alléger la sauce, Mariah Carrey est même accusée de se présenter "quasiment nue" sur scène. Ses "énormes cuisses" (fat thighs) sont fustigées ainsi que ses "porky pins". A en lire ce champ lexical très peu féministe, on est à deux doigts de voir la voix de All i want for Christmas être comparée à Miss Piggy du Muppet Show.
Sexisme, grossophobie, body shaming décomplexé...
Et traumas à la clef. Pour les lectrices !
Qui témoignent : "Pas étonnant que nous souffrions toutes de dysmorphie corporelle", "Vous voyez pourquoi tant d'entre nous, les femmes de la génération X, avons pu souffrir de troubles du comportement alimentaire ?! Les années 90 et 2000 ont été si brutales", "C'est tellement triste que ces opinions médiatiques soient celles auxquelles la plupart d'entre nous ici ont été soumises en grandissant", peut-on lire sur Instagram.
La dysmorphie corporelle, c'est ce trouble, qui touche énormément de jeunes femmes et se caractérise par une préoccupation disproportionnée vouée aux défauts physiques. La personne concernée a une image déformée de son corps, source de complexes et de souffrance.
On a échangé sur Terrafemina avec une médecin qui décrypte minutieusement ce trouble.
Clara Falala-Séchet, psychologue clinicienne, psychothérapeute, l'évoque ainsi : "Celles et ceux qui souffrent du trouble de la dysmorphie corporelle pensent que une ou plusieurs parties de leur corps présentent des imperfections importantes. Or, en réalité, ces imperfections présumées ne se voient pas. La personne va s'adonner à des comportements répétitifs : vérifications, comparaisons de son apparence avec celle d'autrui... Elle va fréquenter moins de gens, éviter certaines situations, moins sortir, cela peut avoir des impacts professionnels, sur la vie de tous les jours, la vie sociale"
Troubles du comportement alimentaire ou TCA, dysmorphie corporelle, boulimie, anorexie... Les lectrices de la presse féminine de l'époque jugent que les médias sont en partie responsables de cette infinité de complexes éprouvés par une génération entière.
"Elle est canon Mariah Carey, avec une silhouette littéralement parfaite. Le problème, c'est que Kate Moss était aussi à la mode, donc elle avait l'air grosse... ce qui est ridicule !", "Nous avons besoin d'un procès collectif contre ces magazines qui nous ont tous fait un lavage de cerveau", "Et me voilà, à 48 ans, toujours inquiète de savoir si j'ai l'air "grosse" tous les jours de ma vie", peut-on encore lire.
"C'était la norme d'Hollywood dans les années 90 et on y revient lentement avec Ozempic", décrypte encore une voix anonyme, qui considère à juste titre qu'une énorme marche arrière est encore redoutée dans notre société. Malgré des avancées indéniables, comme la popularité du mouvement body positive. Un mouvement dont les égéries, comme la mannequin Ashley Graham, militent pour la diversité des corps, dans la mode, et ailleurs. Mais qui pourrait largement décliner au vu des derniers défilés : on a dédié un billet d'humeur à ce sujet brûlant.
Pour rappel, l'Ozempic est un médicament contre le diabète, détourné ces dernières années pour favoriser d'importantes pertes de poids. De nombreuses célébrités ont reconnu y avoir eu recours à des fins amaigrissantes.