Si vous cherchez des sources d'inspiration de développement personnel, allez donc faire un tour du côté de la Scandinavie. En effet, nos voisins d'Europe du Nord sont de véritables champions en la matière. À titre d'exemple, on peut notamment citer le hygge, concept danois basé sur l'art de vivre, ou le fika, pause-café devenue une véritable institution en Suède. Mais les Scandinaves ne sont pas les seuls à exceller dans ce domaine. En effet, les Finlandais sont reconnus mondialement pour le sisu, un mot qui signifie littéralement "aller !" et qui s'apparente à une véritable philosophie chez ces habitants d'Europe du Nord.
L'idée ? Résister aux coups durs et affronter les épreuves de la vie avec sérénité, courage et persévérance. "C'est un état d'esprit ou une philosophie de vie", a expliqué la chercheuse Emilia Lahti lors d'une conférence TEDx (voir ci-dessous). Dans sa présentation, la sociologue explique que les grands concepts comme l'intégrité et l'honnêteté sont les piliers fondamentaux du sisu.
Un concept nouveau ? Pas vraiment. En réalité, les Finlandais auraient cultivé ce mode de pensée dès la Seconde Guerre Mondiale. En 1939, quand la Russie (à l'époque l'Union soviétique) entame la Guerre d'Hiver et envahit la Finlande, ces derniers décident de résister et de combattre sans se rendre, malgré le nombre inférieur de leur armée (environ 800 000 soldats finlandais contre 2,5 millions soldats russes). Résultat : un premier accord de paix est signé un an plus tard (traité de Moscou), pour finalement aboutir à un armistice de paix en 1944. C'est à partir de cette époque que les Finlandais se sont distingués comme de véritables philosophes sur la scène internationale et que l'on a commencé à parler de sisu.
Il est important de noter que le sisu ne consiste pas seulement à se montrer "coriace" face aux défis : pour développer sa force, le courage doit être pratiqué à long terme, et correspondre avant tout à un état d'esprit. En effet, attendre qu'un coup rude vous tombe dessus pour vous dire "sois courageuse" ne suffira pas. "C'est une sorte de courage au quotidien qui contribue à améliorer le bien-être et à renforcer la résilience, en facilitant l'adaptation", a expliqué au Daily Mail la Finlandaise Katja Pantzar, auteure du livre Finding Sisu. La patience, mère de toutes les vertus selon le célèbre adage, est également une valeur fondamentale du sisu, puisqu'elle représente une condition sine qua non pour atteindre la persévérance.
À titre d'exemple, Katja Pantzar nage tous les jours dans de l'eau très froide. Une manière pour elle de se remettre régulièrement en question afin d'apaiser son anxiété, de diminuer son niveau de stress et de se donner de d'énergie. "En vous imposant des petites tâches quotidiennes qui mettent votre courage à l'épreuve, vous gagnerez en courage et en persévérance au fil du temps", explique-t-elle.
Cet état d'esprit peut également s'adapter au travail. Vous pouvez par exemple vous lancer le défi d'aller au bureau chaque matin à vélo, y compris par temps de pluie, ou encore de zapper l'ascenseur alors que vous travaillez au 15e étage. Cela peut aussi s'appliquer avec des collègues ou des supérieurs hiérarchiques avec qui vous entretenez des relations difficiles : même si l'entente est loin d'être cordiale, vous devez vous forcer à faire un pas vers eux et à gérer les conflits, sans fuir, jusqu'à ce que ce que la situation s'apaise.
En effet, le sisu est également basé sur l'honnête et le respect, aussi envers soi-même qu'envers autrui. Et si vous ne parvenez pas à apaiser les tensions au bureau, nul besoin de se mettre martel en tête. L'essentiel est d'avoir essayé et en cas d'échec, d'accepter sa défaite avec philosophie sans s'auto-dénigrer, puisque vous avez prouvé que vous étiez capable d'affronter vos problèmes ou vos différends avec vos collaborateurs.
Même s'ils ne sont pas faciles à relever, ces défis sont un rappel constant de la force que vous avez en vous : et c'est là tout le concept de sisu. "Le terme sisu signifie que même lorsqu'on n'entrevoit pas une lueur d'espoir, on y va quand même", explique Emilia Lathi, ajoutant que cette attitude, elle, est justement porteuse d'espoir.