Myriam Szejer : Non, pas pour la plupart des enfants en tous cas. C’est une bonne idée pour les enfants qui s’ennuient ou ceux qui sont très avancés et éveillés pour leur âge. Mais pour tous les autres, c’est violent. À deux ans, ils ne sont pas ou presque pas propres, ils disent quelques mots et ne comprennent pas ce qu’on leur dit. Les tout-petits ont besoin de s’exprimer avec leur corps, on va leur demander de s’asseoir, ils ont besoin de communiquer, on va leur demander de ne pas parler. À deux ans, un enfant a besoin de découvrir le monde en jouant et de se sentir en sécurité. Dans une classe où il n’y a qu’un adulte pour trente enfants, ils n’auront pas ce sentiment.
M. S. : Il faut qu’il soit curieux, dégourdi, qu’il comprenne tout, qu’il ait aussi besoin de la compagnie des autres enfants. La tétine peut-être aussi un signe - contre - à surveiller, d’autant qu’en la gardant à l’école, il aura des problèmes de communication, il parlera très mal. Le doudou, en revanche, c’est un autre souci, un enfant peut être prêt à aller à l’école et en avoir encore besoin. Enfin, s’ils ne sont pas propres, ils ont non seulement besoin d’être changés mais aussi d’être initiés à la propreté, et c’est beaucoup de temps. Les enseignants ne sont pas formés pour ça, il faut connaître la psychologie des tout-petits, leurs réactions très différentes, surtout à la discipline. Il faut être capable de comprendre un enfant qui ne parle pas.
M. S. : Le risque majeur est celui de la régression. Si un enfant se sent mal quelque part, il va vouloir redevenir un bébé pour rester chez lui. Cette régression peut se traduire dans le langage comme dans la propreté. Il peut aussi manifester des signes d’inconfort : des troubles du caractère, par des colères ou par la tristesse mais aussi des troubles du sommeil ou de l’appétit. Enfin, un enfant en souffrance attrapera tous les virus qui passent parce qu’il n’arrive tout simplement pas à se défendre… Toutes les études le montrent, l’école n’est pas faite pour les moins de trois ans, il leur faut des structures adaptées comme des jardins d’enfants ou des garderies.
« Petite école, grande rentrée » de Myriam Szejer, éditions Bayard.
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