Marine Le Pen peut-elle condamner les propos du président d’honneur de son parti, qui plus est son père ? Depuis la publication, vendredi dernier, d’une vidéo de Jean-Marie Le Pen sur le site du Front National, sa fille s’enferme dans un malaise silencieux.
Un père gênant
« La situation me paraît grave non pas par cet accident d’un individu qui sous l’effet d’une folie, fut-elle passagère, se met à massacrer ses concitoyens. Ce qui me paraît plus grave c’est la naïveté et l’inaction du gouvernement norvégien qui n’a pas pris la mesure du danger mondial que représente l’immigration massive », déclare-t-il sur le site Internet du parti. Ces propos ont choqué l’opinion et la classe politique dans son ensemble, et ont poussé la présidente à rappeler que l’extrême droite condamnait fermement les massacres d’Oslo et d'Utoeya. Elle s’est par ailleurs insurgée contre la « récupération politicienne » de la gauche et de la droite, qui n’ont pas manqué d’occasions de tacler le FN.
Réactions et polémiques en chaîne
Déjà, quelques jours après la tuerie d’Oslo, un ancien candidat du FN aux élections cantonales avait fait l’éloge, sur son site Internet, du tueur Anders Breivik , le comparant à Charles Martel. Marine Le Pen s’était empressée de le neutraliser et de l’envoyer en commission de discipline. Mais sur Twitter, c’est Laurent Ozon, membre du bureau politique du Front National, et proche de Marine Le Pen, qui s’est laissé aller à des analyses douteuses pour prouver que le déchaînement de violence d’un seul homme avait pour cause l’explosion de l’immigration en Norvège. Il aurait été rappelé à l’ordre par la présidente, décidément en position délicate alors que des associations se mettaient à incriminer l’influence délétère des idées d’extrême droite sur le climat européen.
Un choix cornélien avant la présidentielle ?
« Ces discours se banalisent dans toute l’Europe, et trouvent un écho auprès des esprits les plus faibles », déclarait Renée le Mignot, co-présidente du MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) sur Terrafemina. Celle-ci a poursuivi : « Je soutiens que les seuls responsables ne sont pas ceux qui craquent l’allumette ou appuient sur la détente. Ceux qui entretiennent la veine raciste le sont tout autant. Marine Le Pen tâche de donner une image plus soft du FN pour la présidentielle qui approche, elle ne reprend pas les propos antisémites de son père, mais l’analyse reste la même, et le discours demeure ultranationaliste et raciste. Ce parti n’est pas plus fréquentable qu’hier. En témoignent certaines prises de position de membres du FN suite aux attentats d’Oslo… » De même, La déléguée générale adjointe de l’UMP, Valérie Rosso-Debord, a estimé que finalement « les Français doivent pouvoir connaître la réalité des fondements idéologiques du FN », une réalité « clairement incarnée par son fondateur ».
La nouvelle présidente devra-t-elle « tuer le père » pour sauver son parti ?
Source : France-info.com
Crédit photo : TV2 Norvège
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