F.D.M 1 : la joie pure
La première fête des mères est pour la jeune maman un évènement à marquer d’une pierre blanche. Encore sous le coup du manque de sommeil et des hormones, la larme coule vite, la lèvre tremblote, le bisou dans le cou du petit ange endormi prend tout son sens. Non pas que l’enfant ait manifesté le moindre signe de fête envers sa génitrice ni d’ailleurs le moindre signe de reconnaissance (à moins de considérer les régurgitations de lait comme la première forme anthropologique du don). Mais c’est désormais officiel : la jeune mère sait qu’elle a le droit à une fête en plus dans le calendrier.
F.D.M 2 : l’âge de la maturité
Pour sa seconde fête, la jeune maman n’est plus éblouie d’appartenir à la grande confrérie des parents. Elle aborde l’arrivée de la fête des mamans de façon sereine, comme quelqu’un qui connaît un secret et en maîtrise les coulisses. Le bisou plein de kiri du jeune loupiot et le sourire du papa, qui accorde à sa conjointe le statut de reine des mères depuis qu’il l’a vue plier des bodys d’une seule main, sera accueilli avec la bienveillance d’un vieux sage.
F.D.M 3 : l’émotion du premier collier de pâtes
Avec l’entrée en maternelle, l’enfant va participer activement à la confection d’un « cadeau ». Il va donc pouvoir enfin officiellement remercier sa génitrice d’avoir été en surpoids pendant 6 mois, de s’être privé d’alcool/de foie gras /de gâteaux/de saut en parachute pendant 9, et d’avoir accouché dans une ambiance sommes toutes peu chaleureuse pendant 12 (heures). Le premier collier de pates/dessous de plat en pince à linge/boucles d’oreille en babybel revêt alors un goût de victoire : le petit est enfin reconnaissant.
F.D.M 4 : le début de la fin
Le deuxième collier de nouilles a un air étrangement moins victorieux en cette deuxième année de maternelle. Si le premier avait été courageusement porté une journée entière comme symbole d’un amour maternel puissant, le second est négligemment rangé dans une boite à chaussures, intitulée « souvenirs ». Et le sentiment grisant de la maîtrise du pliage de body n’y est plus : 4 ans après, passée maitre dans l’art du jonglage (préparation de biberon d’une main, essuyage de nez de l’autre, rattrapage de verre avec le pied) la jeune maman a déjà eu largement l’occasion de constater qu’elle était bel et bien une « maman ».
F.D.M 5 etc. : ça sent le roussi
A partir de la cinquième année, les fêtes des mères se suivent et laissent toutes la place à un sentiment mêlé de nostalgie et d’angoisse métaphysique. Chaque collier amassé signe un temps qui passe inexorablement et la rapproche du jour fatidique où son chérubin ira « dormir chez Max ». Fête après fête, la jeune maman s’éloigne de plus en plus du qualificatif de « jeune ». Fête après fête elle est de moins en moins « maman » et de plus en plus « mère ».
Un jour, petit ange oubliera de fêter ce jour merveilleux à sa môman. Ce sera le premier signe de l’adolescence et l’entrée dans une nouvelle ère : celle de la fête des « reum ».