En France, on a l'habitude depuis quelques années des règles strictes concernant les photos d'identité. On sait qu'on ne doit pas sourire, ne pas porter de chapeau, se tenir bien droit, le visage bien dégagé et avoir l'air le plus "neutre" possible. Si ça vous paraît déjà difficile à vivre, estimez-vous heureux de ne pas avoir à suivre la réglementation iranienne.
En Iran, les femmes doivent d'abord porter le voile, mais également apparaître sans maquillage et sans bijoux. Pour les hommes, la coupe de cheveux doit être la plus basique possible (pas d'extravagances, que ce soit la crête ou des simples pattes) et le front et les oreilles doivent être bien dégagés.
Résultat, toute singularité est gommée, chaque photo se ressemble et toute notion de personnalité disparaît de ces clichés officiels, ce qui rend l'identification parfois compliquée étant donné que beaucoup d'Iraniens ne ressemblent en rien à leur photo d'identité.
Pour mettre ce phénomène en lumière, des Iraniens ont décidé de participer au #Kartmelichallenge, le challenge de la carte d'identité, qui consiste à opposer sa photo d'identité à une photo prise dans la vie de tous les jours, histoire de bien appuyer sur ce contraste.
Et le moins qu'on puisse dire, c'est que les photos sont parlantes. Dans la majorité des cas, on ne se douterait même pas que les deux photos représentent le même individu. Pour les hommes comme pour les femmes, le visage de ces Iraniens au quotidien ne correspond pas du tout à celui qui figure sur leurs papiers d'identité. Ce challenge permet également de montrer au monde à quoi ressemble réellement la jeunesse iranienne, des images très proches de celles qu'on croise à tous les coins de rue.
Mais il y a aussi un risque. D'après la BBC, le fait de poster des photos privées sur une plateforme publique peut représenter un acte criminel selon les autorités iraniennes.
Les photos postées sous ce hashtag ont été répertoriées par plusieurs comptes Instagram, dont @dontjudgechallengetm, @kartmelichallenge, @chalenge_karte_meli et @chalenge_karte_meli. Des centaines de clichés y ont été publiés à l'initiative d'une Iranienne de 23 ans qui a, pour des raisons évidentes, souhaité rester anonyme.