Les photos que les femmes prennent d'elles-mêmes et postent sur les réseaux sociaux tels Instagram véhiculeraient autant, voire plus de clichés sexistes que les publicités des magazines si souvent montrées du doigt pour leur vision stéréotypée de la femme.
C'est l'enseignement qu'on peut tirer d'une étude menée par trois chercheuses allemandes et publiée dans la revue Compurers in Human Behavior. "Les selfies se sont avérés plus stéréotypés que les publicités dans quatre des six catégories étudiées. Les contenus produits par les utilisateurs n'aboutissent pas automatiquement à un affaiblissement des stéréotypes genrés entourant les portraits", écrivent les chercheuses.
Comment s'y sont-elles pris pour arriver à cette conclusion ? Les chercheuses ont analysé 250 selfies réalisés par des femmes et 250 selfies réalisés par des hommes trouvés sur Instagram. Elles ont comparés ces photos avec 183 publicités pour des téléphones portables trouvées dans des magazines populaires allemands entre 2001 et 2003.
Les chercheuses ont ainsi constaté que les selfies véhiculaient plus des stéréotypes sur les femmes en établissant une typologie de clichés composée de différentes catégories.
Voici les quatre dans lesquelles les selfies surpassaient les publicités : la "touche féminine" (le fait de caresser un objet sur une photo), le "regard dans le vague" (le fait de ne pas regarder l'objectif ou de regarder dans le vide), le "manque d'équilibre" (le fait de pencher son corps plutôt que de se tenir droite), et la "perte de contrôle" (le fait de faire des expressions exagérées). Dans seulement deux catégories, correspondant au degré de dénudement et au fait d'être dans une position allongée, les publicités se sont avérées plus clichés que les selfies.
"En outre, les selfies pris par des jeunes femmes reprennent plus souvent des expressions genrées liées aux réseaux sociaux, comme la 'moue boudeuse' (parfois appelée 'duckface'), 'les portraits sans tête' afin de mettre en avant le corps, tandis que ceux postés par les jeunes hommes contiennent plus souvent des 'exhibitions de muscle'", écrivent les chercheuses. Pour ces dernières, cela montre que les utilisateurs d'Instagram adoptent sans nécessairement s'en rendre compte les clichés qu'ils voient dans les publicités et les reproduisent pour être populaires sur les réseaux sociaux.