"Le Rassemblement national réduit à néant toute possibilité d'émancipation pour les femmes". Dans une interview publiée dans le journal Libération, l'élue écologiste de Paris Alice Coffin s'est exprimée sur le danger que représente le risque d'une victoire de Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle. L'autrice du Génie Lesbien a exprimé ses craintes, sans pour autant idéaliser le quinquennat Macron, fustigé par les associations féministes.
"L'extrême droite s'oppose au port du voile dans l'espace public, à l'allongement du délai pour avorter voire à l'avortement lui-même, différencie les musulmanes des autres, les blanches des autres, les hétérosexuelles des autres. Mais une victoire du RN signifierait également la mise à mort des militantes féministes", prévient Alice Coffin.
Et l'élue EELV de poursuivre : "En cas de victoire de l'extrême droite, le danger sera tous azimuts et ne concernera pas seulement les femmes en France mais dans toute l'Europe, car les digues tomberont au Parlement européen, il y aura un effet de contamination".
Il y a peu, le collectif de lutte contre les violences sexistes et sexuelles #NousToutes lançait lui aussi un appel à combattre Marine le Pen au second tour de la présidentielle, avec un slogan : "Pas une voix féministe pour l'extrême droite". Et ce, en rappelant le danger "réel et concret" encouru pour les droits et la sécurité "des femmes, des enfants et des personnes LGBTQIA+, précaires et/ou racisé·e·s".
C'est un même message que souhaite privilégier Alice Coffin, en insistant notamment sur l'avenir incertain des collections féministes en cas de victoire de Marine Le Pen : "Moi comme tant d'autres militant·e·s féministes, ou antifa, ou antiracistes, sommes menacées de mort. Les luttes féministes restent essentiellement portées par les associations, pas par l'Etat. Le travail d'assèchement de ce tissu aura donc des conséquences sur l'ensemble des femmes précaires, migrantes, réfugiées, féministes qu'elles défendent", s'est exprimée la militante.
En guise d'exemple, Alice Coffin cite l'augmentation du cyberharcèlement des militantes durant la campagne d'Eric Zemmour. C'est encore pour cela que la militante en appelle à un mouvement fédérateur autour d'un "front antifasciste", expression entendue au sein des récentes occupations d'universités par des étudiants protestant contre l'extrême droite - comme l'actuel blocage de La Sorbonne à Paris. Alice Coffin aime aussi à parler de "front social". Une mobilisation qui, espère-t-elle, se poursuivra bien par-delà le 24 avril.
Et cette mobilisation, soutient Alice Coffin, se joue également dans les mains du président sortant, Emmanuel Macron. "Vous voulez notre vote ? Alors prenez ces engagements : pas de ministres mis en cause pour agression sexuelle ou hostiles à #MeToo dans vos gouvernements, un budget massif pour la réforme et le fonctionnement d'une justice débarrassée de son fonctionnement patriarcal et raciste, des financements par millions pour toutes les militantes qui s'échinent dans ce pays", a décoché l'autrice au candidat.
L'alerte des associations de défense des droits des femmes
A l'unisson, du côté du Journal du Dimanche, plusieurs associations de défense des droits des femmes ont publié une tribune dénonçant les idées politiques de l'extrême-droite.
"Marine Le Pen, son parti et ses soutiens sont de tout temps les principaux opposants à l'avortement. Ils ont dénoncé les soi-disant 'IVG de confort' et se sont opposés fermement à l'allongement des délais de 12 à 14 semaines. À l'Assemblée nationale et au Parlement Européen, ils se sont opposés quasiment unanimement aux textes qui promeuvent l'égalité entre les femmes et les hommes - que ce soit pour l'égalité salariale, l'accès à la contraception, la lutte contre les violences faites aux femmes et les violences de genre, ou la promotion de la parité".
"L'égalité entre les femmes et les hommes qu'elle prône n'est qu'une façade qui masque une volonté d'exclure les femmes étrangères ou immigrées et d'entraver la liberté des femmes à choisir leur destin, en les renvoyant à la maison", poursuivent les associations féministes (Collectif Georgette Sand, Excision Parlons-en !, Le Planning Familial, Osez le Féminisme !, notamment) dans leur tribune collective et sororale.
Le mot d'ordre de cette trentaine d'associations ? Il fait écho à celui de Jean-Luc Mélenchon, le 10 avril dernier : "Pas une seule voix pour Madame Le Pen". Et la tribune de préciser enfin : "En matière de droits des femmes, l'extrême droite a une constante : celle de nous combattre, de nous mépriser et de nous piétiner".