Une femme sur trois est victime de violences sexuelles et physiques à travers le monde. Tel est l'effroyable constat dressé lors de la première journée internationale sur l'innovation et la recherche en éducation à la Santé sexuelle et aux Droits humains, organisée à Paris, vendredi 4 septembre, à l'initiative de l'UNESCO.
Ces violences "ne sont pas des violences comme les autres", selon la ministre de la Santé, Marisol Touraine. "Elles n'ont qu'un seul et même objectif, un seul et même résultat : reproduire, génération après génération, les inégalités entre les femmes et les hommes, maintenir la soumission des femmes et - disons le clairement - la domination masculine", a-t-elle développé dans un discours, rappelant que "Là où il y a des violences, la démocratie n'est pas tout à fait accomplie. Il n'y aura pas d'égalité dans le monde tant que des femmes et des enfants subiront des violences physiques, sexuelles ou psychologiques."
La ministre a également rappelé : "Ces violences sont là pour entraver l'émancipation des femmes, empêcher leur bien-être et l'exercice de leurs droits : leurs droits sexuels et reproductifs, leur droit à l'autonomie et, bien sûr, leur droit à la santé."
Des violences "d'une ampleur épidémique", selon les termes employés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ainsi, chaque année en France, 216 000 femmes sont victimes de coups et / ou d'abus sexuels de la part de leur actuel ou ancien partenaire. Or, seules 16% de ces dernières osent déposer plainte. Un pourcentage qui tombe même à 11% en ce qui concerne les viols ou tentatives de viol. En 2014, 118 d'entre elles sont mortes des suites de violences conjugales.
Un traumatisme pour les victimes et des "conséquences que l'on ne perçoit pas immédiatement sur la santé physique (42% des femmes qui ont connu des violences physiques ou sexuelles d'un partenaire ont souffert de blessures), psychique et reproductive des victimes", a indiqué Marisol Touraine. Dépression, addictions, MST ou grossesses non désirées peuvent aussi découler de ces violences. "Les femmes victimes de violences en France ont 26 fois plus de risque de faire une tentative de suicide", a lancé la ministre.
Pour endiguer ce phénomène, le gouvernement a présenté, en novembre 2013, un 4e plan de prévention de lutte contre les violences faites aux femmes, dont Marisol Touraine a rappelé les grandes lignes, notamment la garantie faite aux victimes "d'une prise en charge globale et continue, pour sortir de l'emprise et reprendre leur vie en mains", un volet prévention axé autour des professionnels de santé via l'inscription des "violences sexuelles (...) au programme des études de médecine" et enfin une meilleure réponse pénale qui vise, entre autres, a encouragé "le dépôt de plainte".
En ce sens, Fatiha Benatsou, coordinatrice permanente d'évaluation de la politique de prévention de la délinquance auprès du Premier ministre, a été chargée, en juin dernier, d'une évaluation des dispositifs existants de prévention des violences faites aux femmes et de soutien aux victimes. Pour rappel, le 39 19 reste, le numéro d'écoute gratuit et anonyme à appeler en cas de violences.