Brigitte Poncharal : Il est très intéressant en effet de constater que ces marques sont parvenues à s’installer sur le web, y compris sur le critère de l’expertise –puisque 29% des sondés (et 47% des 18-24 ans) estiment qu’ils préfèrent consulter les sites des grands médias pour disposer de l’analyse de spécialistes de l’information, plutôt que la télévision ou les journaux papier. Il semble donc que l’on préfère par exemple lemonde.fr au journal Le Monde sur son support originel. Finalement ces marques connues rassurent sur Internet et ont devancé leur support d’origine. Il faut croire que c’est la masse importante d’information disponible qui fait revenir les lecteurs vers des valeurs sûres, des marques repères. On recherche une hiérarchisation et une organisation, c’est pourquoi ces sites ont également plus de succès que les portails d’actualité type MSN, Google, ou Orange.
B. P. : Je ne pense pas qu’il faille cantonner chaque média dans un rôle précis : finalement tous les journalistes travaillent pour une marque qui se déploie sur plusieurs supports (TV & Internet ou papier & Internet). Chaque support possède sa temporalité et son environnement, mais tout reste connecté. Internet n’est pas limité à une actualité brute en temps réel, la contextualisation et la mise en perspective sont possibles. Néanmoins la télévision semble avoir perdu un peu de son aura, elle n’est plus la référence incontournable, mais on sait qu'elle reste très prisée des plus de 50 ans, qui apprécient l’éditorialisation et la mise en scène de l'actualité.
B. P. : Je remarque que les réseaux sociaux se sont imposés auprès du grand public comme lieux de partage de l’information, mais pas encore comme sources d’information à part entière – 55% des internautes estiment que Facebook et Twitter ne sont pas vraiment utiles pour diversifier leurs sources d’information ou obtenir des informations plus rapidement, ndlr. Pourtant, les réseaux sociaux, et notamment Twitter, sont exploités par les journalistes pour trouver des sources d’information, notamment auprès… du grand public. La question de la vérification de l’info n’est pas nouvelle, il y a simplement plus de sources plus difficilement vérifiables. Twitter a été le lieu de révélation et de suivi en temps réel de beaucoup d’informations ces dernières années, de l’avion amerri dans l’Hudson à l’arrestation de DSK.
B. P. : Les médias traditionnels ont tout intérêt à rester en contact avec une audience qui passe plus de temps sur les réseaux sociaux que devant la télévision. Mais la tendance est déjà à la consommation simultanée d’écrans : les live-tweets d’émission – on commente le programme en direct sur Twitter- créent un effet communautaire qui va s’accentuer encore avec la télévision connectée, on peut parler de télévision sociale. La BBC par exemple, inscrit à l’écran le mot-clé Twitter –hashtag- associé au programme TV diffusé, pour aiguiller les tweetos...
B. P. : Le web 2.0 a renversé le pouvoir de transmission de l’information et mis fin à la verticalité, les individus ont désormais la capacité de s’exprimer et de toucher un grand nombre de personnes dans Le Monde. Les usages évoluent et la baisse du coût des technologies contribue à accélérer les choses. Les jeunes d’aujourd’hui seront équipés demain d’une télévision connectée, déjà les émissions prennent en en compte les tweets en temps réel. Les journalistes utiliseront à plein les outils plus performants offerts par le web, on assiste en ce moment à l’essor du data-journalisme, ou l’art de rendre une information accessible et ludique en conjuguant le travail du journaliste, d’un développeur et d’un statisticien. Il s’agit de mettre au point des images et des infographies interactives qui racontent l’info autrement. Le rôle des médias numériques consiste plus que jamais à enrichir l’information chaude et fournir aux internautes les contenus et les services pour faire le tri dans le flux d’information.
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L’étude qualitative par l’Institut Treize articles WebLab
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