C'est un sujet particulièrement tabou qui continue d'enfermer les femmes. La preuve, d'après une étude menée pour la Fondation des Femmes et MGEN par l'institut Kantar, 42 % des Françaises abordent peu le sujet de la ménopause (qui intervient entre 45 et 55 ans), et 39 % pas du tout. Un silence dont les répercussions se ressentent jusque dans la sphère professionnelle.
Au Royaume-Uni, une grande enquête réalisée par Fawcett Society pour Channel 4 auprès de 4 000 femmes ménopausées dresse un bilan préoccupant de la façon dont elles vivent ce bouleversement au travail. 80 % des sondées expliquent ainsi que leur entreprise n'a pas mis en place de soutien de base ni de politique d'absence, quand 41 % déclarent que cette phase incontournable y est traitée comme une blague par leurs collègues.
Les salariées déclarent être ignorées au bureau comme par les soignant·es, un tiers d'entre elles confiant qu'il leur a fallu plusieurs consultations chez le généraliste avant de recevoir un diagnostic de ménopause ou de périménopause. Un chiffre qui s'élève à 45 % pour les femmes noires ou issues de minorités, révèle le Guardian. Par ailleurs, 22 % des interrogées en situation de handicap ont quitté leur emploi en raison de leurs symptômes, contre 9 % des femmes non handicapées.
"Les femmes ménopausées vivent une misère inutile et c'est un scandale national", observe Jemima Olchawski, directrice générale de la Fawcett Society. "Pendant trop longtemps, la ménopause a été entourée de stigmates. Nous devons briser la culture du silence et veiller à ce que les femmes ménopausées soient traitées avec la dignité et le soutien qu'elles méritent, au lieu d'attendre d'elles qu'elles s'en sortent."
Pour 77 % des répondantes, au moins un symptôme est "très difficile" à vivre au quotidien. 44 % estiment quant à elles avoir ressenti trois symptômes ou plus de cette gravité. Les plus fréquents étant la difficulté à dormir (84 %), le brouillard cérébral (73 %) et l'anxiété ou la dépression (69 %).
"Trop souvent, les symptômes de la ménopause ont été considérés comme une plaisanterie", déplore encore Jemima Olchawski. La responsable interpelle le gouvernement britannique, l'exhortant à "procéder à des changements urgents, qu'il s'agisse d'exiger des employeurs qu'ils aient des plans d'action pour la ménopause, de créer une voie d'accès aux soins de santé pour la ménopause ou de veiller à ce que les médecins généralistes soient correctement formés pour détecter les symptômes de la ménopause."
Des revendications que l'on pourrait aisément importer de ce côté de la Manche.