La ménopause est une étape cruciale dans la vie d'une femme. Elle annonce la fin des cycles menstruels et se manifeste la plupart du temps autour de cinquante ans (51 ans en moyenne en France selon Santé Magazine). On considère qu'une femme qui n'a pas eu ses règles depuis une année entière est ménopausée. A cette interruption, s'ajoutent également des symptômes physiques et mentaux plus ou moins intenses : sautes d'humeur, bouffées de chaleur, prise de poids, fatigue extrême, anxiété, perte de confiance en soi et libido en berne... Une phase qui peut donc influer sur ses capacités à être productive au travail par exemple, ou à l'aise en société - mais qui s'explique facilement.
Seulement voilà, en France, comme dans beaucoup de pays, règne un tabou de taille autour de la ménopause. Une honte non-avouée qui empêche de se sentir libre d'en parler, que celle-ci soit consciente ou non.
Lors d'une étude pour la Fondation des femmes et MGEN, l'institut de sondage Kantar a interrogé les Français·es sur ce sujet délicat. Et les chiffres parlent d'eux-mêmes : 42% des Français·es abordent peu le sujet de la ménopause, 39% pas du tout, indique l'étude. Pire, 44% des femmes en période de pré-ménopause dénoncent même un impact négatif sur leur quotidien, tandis que 41% d'entre elles ont déjà entendu des commentaires ironiques ou moqueurs.
Un constat que Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes, déplore : "La ménopause est une étape normale de la vie de toutes les femmes qu'elles vivent pourtant dans le silence du tabou qui l'accompagne", déclare-t-elle. "Il est impératif d'ouvrir la discussion pour changer de regard sur la ménopause, et au travers de cela sur l'âge des femmes et le sexisme qui l'entoure, pour faire un pas de plus vers l'égalité femmes-hommes."
Car c'est bien d'égalité qu'il est question. Si le rapport indique qu'une femme sur deux a peur de vieillir, c'est sûrement parce que les femmes et les hommes sont traité·es différemment lorsqu'ils prennent de l'âge - 50 % des sondé·es l'avouent. L'âgisme est un fléau qui se traduit par un comportement sexiste sociétal mais aussi professionnel. Il est d'ailleurs souvent considéré qu'un homme "vieillira mieux" qu'une femme, basé sur des critères de beauté obsolètes. Passé un certain âge, comme une date de péremption contre laquelle on ne cesserait de se battre, elles sont reléguées au second plan, moins embauchées. Et la ménopause, qui incarne la fin de la possibilité de reproduction, est le premier indicateur de cette période où les discriminations font rage. La taire, comme l'évoque Anne-Cécile Mailfert, revient ainsi à creuser davantage les inégalités femmes-hommes.
En parler. Entre femmes déjà, comme sur le groupe privé "Menopause Misery" qui invite celles qui la traversent à se confier sans langue de bois, pour normaliser le sujet et dissiper la culpabilité qui l'entoure. Mais aussi afin de s'informer. 42% des personnes concernées par la ménopause déclarent ne pas faire la différence entre ménopause et pré-ménopause, et 40 % des femmes de moins de 40 ans considèrent ne pas être assez au courant. Au travail, rares sont celles qui en informent leurs collègues. D'autres préfèrent minimiser leurs maux, quand ceux-ci requerraient en réalité un aménagement adapté. C'est en tout cas ce que pensent plusieurs député·es britanniques, qui souhaitent mettre en oeuvre des mesures en ce sens.
"Les employeur·es doivent faire plus", lançait la députée conservatrice Rachel Maclean en août 2019. "Les employées ne reçoivent pas le soutien dont elles ont besoin. C'est souvent très difficile pour les femmes qui travaillent. La ménopause est le dernier tabou, car elle est toujours aussi passée sous silence et ne touche que les femmes, et plus encore, les femmes plus âgées. C'est de l'âgisme, et du sexisme, en un bloc".
Pour donner l'exemple, la chaîne de télévision nationale Channel4 avait annoncé mi octobre mettre en place une politique spéciale ménopause. Les femmes auront ainsi la possibilité d'accéder à des horaires de travail flexibles et des espaces plus frais et plus calmes, précise The Guardian. Un modèle qu'il reste à suivre de ce côté de la Manche.