Que c'est dur d'être Miss, mais que c'est dur. Parce que quand il s'agit des Miss, tout le monde se donne l'autorisation de les critiquer sous toutes les coutures, se passant la photo de mains en mains pour détailler tout leur corps et commenter chaque détail qui irait ou n'irait pas.
Là, c'est Miss Algérie qui se prend des seaux de critique sur les réseaux sociaux à cause de... sa couleur de peau. Khadidja Benhamou a été élu le 4 janvier à Alger lors d'un gala.
Elle vient de la région de l'Adrar, dans le sud du pays et a le teint foncé, signe de la grande diversité des populations en Algérie. Mais selon certain·es internautes, elle ne serait pas "assez blanche" pour représenter l'Algérie. Et en plus de sa peau foncée, elle a les cheveux bouclés.
Alors les commentaires racistes et dénigrants sur sa beauté sont allés bon train.
Si en tant que féministes, on peut s'attaquer fortement au système des concours de beauté, on ne peut que défendre à 2000 % Khadidja Benhamou contre ces attaques racistes.
Comme le dis la coach en entreprise pour femmes racisées Marie Dasylva sur Twitter, "Khadidja Benhamou est victime de colorisme et de negrophobie".
Le colorisme est une pratique qui tend à valoriser dans un groupe ethnique, les personnes à la peau claire. C'est le cas dans les critiques qui sont envoyées à Khadidja Benhamou, accusée d'avoir la peau trop foncée pour être une "bonne Algérienne".
Mais elle est aussi comparée à des personnes noires. Ce qui est également une manière de les dénigrer. C'est donc de la négrophobie. Alors Khadidja Benhamou souffre du stéréotype de la femme orientale qui a infusé les sociétés maghrébines qui repoussent leur africanité.
Yassine Alamy, co-fondateur du mouvement "Hrach is beautiful", qui défend les cheveux bouclés et crépus des maghrébins, explique ce stéréotype de la femme orientale idéalisée au site RespectMag : "Typiquement, c'est l'image de la femme libanaise aux cheveux longs et lisses et à la peau claire" Mais selon lui, les populations nord-africaines "méconnaissent leurs origines".
Ce colorisme que subit Khadidja Bnehamou est aussi issue d'une image idéalisée de la beauté blanche.
Aux personne la critiquant, Khadidja Benhamou répond avec le sourire et beaucoup de flegme dans une émission de télévision : "Que Dieu leur montre le droit chemin".
Elle a également reçu beaucoup de soutien sur Twitter ou Facebook.
Récemment, c'est une autre Miss africaine qui a détonné en s'affichant avec ses cheveux crépus et portés au naturel, Valérie Binguira, élu Miss Madagascar en décembre 2018.
Sur la toile, on a pu lire des commentaires abjectes type : "Aucune miss monde n'a les cheveux en paille de fer [...] on attend d'une Miss qu'elle ait tous les atouts pour avoir le titre et les cheveux lisses c'est plus joli."
Dans ce pays aussi, la pression est forte pour que les femmes se confortent à un certain idéal de beauté et se lissent les cheveux. Alors pour le groupe Facebook Curly Aho qui promeut le mouvement nappy à Madagascar, l'élection de Valérie Binguira a été reçue comme une bonne nouvelle.
Khadidja Benhamou et Valérie Binguira prouvent qu'on peut faire changer les diktats, même s'il reste encore de grandes résistances. Elles montrent la voie.