Rappelons d'abord que jusqu'à 9, 10 voire 12 ans, avoir peur du noir, c'est tout à fait normal. "Grandir, c'est quitter ce qu'on connaît pour aller vers l'inconnu et ce n'est pas facile. L'enfant n'a pas la maturité émotionnelle d'un adulte ; il a au contraire une intelligence imaginaire et des capteurs sensoriels beaucoup plus développés qu'un adulte " explique Florence Binay, auteur de 121 astuces de sophrologie et autres petits bonheurs (édition le Souffle d'or). Alors que la nuit, tous ses repères - visuels, sensoriels et temporels - changent, l'enfant n'a pas la capacité de rationaliser et ressent d'autant plus fort les choses qui lui font peur.
En pratiquant quelques exercices ludiques de sophrologie, avant la nuit, en prévention, on peut aider son enfant à mieux se défendre contre les monstres cachés sous le lit et à les faire fuir. L'idée de base, c'est de lui faire trouver ses propres ressources, ce que Florence Binay appelle "la boîte à outils" ou "la malle aux trésors", pour s'en servir quand il en a besoin. Des exercices basés notamment sur la respiration permettent à l'enfant de quitter l'imaginaire qui peut lui fait peur pour revenir à sa propre corporalité. "Les exercices corporels et la respiration sont des façons très efficaces et très simples à mettre en oeuvre pour stimuler le système parasympathique qui permet d'apaiser tous les systèmes et à équilibrer le corps dans son entier", rappelle Florence Binay. Lui faire boire un verre d'eau fraîche, pour qu'il sente l'eau entrer et parcourir son corps, permet de la même manière à l'enfant à retrouver sa corporalité et de s'apaiser.
La grimace du corps : Allongé, l'enfant inspire profondément, comme s'il remplissait tout son corps d'air. Ensuite il serre fort les poings, les fesses, les orteils, et fait une énorme grimace, comme une grimace du corps. Puis il expulse l'air fortement et chasse avec son souffle tout ce qui lui fait peur. Il répète l'exercice trois ou quatre fois jusqu'à évacuation complète de l'angoisse.
Le nuage ou matelas magique : L'enfant imagine qu'il est allongé sur un nuage. À chaque fois qu'il expire, il pense à l'un des points d'appui à l'arrière de son corps. Sa tête, puis ses épaules, ses coudes, son dos, ses fesses, l'arrière de ses jambes et ses talons. En prenant conscience de sa corporalité, il s'enfonce à chacune de ses expirations dans le moelleux, le rassurant, le confortable... et peut même se rendormir par la même occasion.
Les bulles imaginaires : L'enfant choisit une forme de bulle qui lui convient : une bulle de savon légère et transparente ou un champ de force inexpugnable comme celui de Violette, héroïne des Indestructibles, le film d'animation que votre enfant connaît sûrement. L'idée est de lui faire visualiser cette bulle comme ultra protectrice, capable de le protéger de toute agression extérieure. Lorsqu'il est dans cette bulle, seul ce qui lui est agréable peut y entrer, tout ce qui lui est désagréable reste au dehors.
Si ces petites astuces de sophrologie sont très efficaces, rappelons que rien ne remplace un câlin, un verre d'eau, des petits mots réconfortants ou un gros bisou... En un mot : la disponibilité des parents envers l'enfant au moment où il en a besoin. De même, Florence Binay insiste sur le fait qu'il faut parler avec l'enfant, lui dire que tous les autres enfants ont peur, et que les parents aussi ont peur. Qu'il faut absolument leur rappeler que c'est normal et que ça fait partie des émotions comme la joie ou la tristesse.
Et on peut toujours s'appuyer sur des livres pour les petits comme Petit Ours Brun a peur du noir (Bayard Jeunesse) ou Max et les maximonstres (L'école des loisirs), et pour les adultes : Grandir heureux et zen, le nouveau livre de Florence Binay qui sort début mars aux éditions Solar.
Sylvie Mahenc.