« Je suis professeur de français, à Aubervilliers, dans un collège classé "Ambition réussite" (ce qui signifie que le collège est en grande difficulté et que l'Etat donne plus de moyens pour sortir l'établissement de sa situation de misère). Les élèves qui sont scolarisés dans mon collège sont issus de familles défavorisées. J’ai fait ma scolarité dans un lycée privé, pour moi c’était une évidence d’enseigner en banlieue. Mon souhait, c’est permettre à des enfants d’accéder à une certaine culture. J'essaie de faire mon possible pour percer à leur hauteur une fenêtre qui leur permette de garder une lueur d'espoir. Il s'agit de tentatives mais je garde l’espoir. »
Mes classes
« Cette année, c’est ma 4ème rentrée, j’enseigne le français à deux classes de 3ème. Je participe également à l’atelier théâtre, c’est une activité très intéressante dans laquelle les élèves s’épanouissent. Le programme de mes cours reste classique : grammaire, rédaction, compréhension de texte. Je fais beaucoup travailler mes élèves sur le vocabulaire car ils ont de vraies lacunes. C’est surprenant mais ce qui leur plait le plus, ce sont les auteurs anciens, la langue classique. Malheureusement, je n’échappe pas aux devoirs copiés sur Internet ! Cette année, j’ai quelques bons élèves mais les trois-quarts ont des grosses lacunes et cinq sont en décrochement scolaire. »
« Dans mes classes, les élèves sont d'origines très diverses (Chine, Pakistan, Inde, Europe de l'Est, Afrique francophone, Maghreb, Brésil...). Ce mélange des cultures est très enrichissant pour les élèves et pour moi. Cela apporte plus de tolérance même si ce n’est pas évident pour eux de communiquer. Il y a toujours beaucoup de racisme envers les chinois. »
Un métier très difficile
Cette année, je suis à mi-temps car je trouve ce métier très difficile et je m'interroge sur l'école publique et le fonctionnement de l'éducation nationale. Le plus dur, c’est le bruit permanent dans les classes et les couloirs. C’est très fatiguant, cela pompe toute mon énergie. Aussi, nous devons faire face aux problèmes de discipline, aux élèves qui perturbent les cours et pénalisent plus d’uns. Pour autant, mes élèves sont extrêmement attachants. Je leur transmets mes connaissances et j’apprends beaucoup d’eux. Et quand mon travail porte ses fruits, c’est incroyable.
Ce qui me rend sceptique, c’est l’éducation nationale. Lorsque j’ai fait ma première rentrée, je n’étais absolument pas préparée. On ne nous explique rien, ni l’organisation, ni le fonctionnement administratif d’un lycée. Chaque année les directives dans les lycées changent. Les règles imposées sont particulièrement contraignantes, parfois absurdes et ne nous aident pas à bien faire notre travail. Au bout de 2 ans d’exercice, j’ai pris du recul sur mon métier et je vais mieux, mais je comprends que les nouveaux arrivants puissent être découragés. Il faut être tenace.
Compétence :
Le professeur enseigne dans les collèges et les lycées, une matière dont il est spécialiste.
Son but est d’instruire les jeunes et de les accompagner dans une démarche pédagogique. La patience ainsi qu'une solidité physique et psychologique sont indispensables pour exercer ce métier.
Formation :
Pour devenir professeur dans un collège, il faut avoir obtenu le CAPES. Il est accessible après une licence. L’agrégation n’est pas exigée pour le collège. Vous pouvez faire une licence de lettres modernes en trois ans, ou une hypokhâgne, puis passer le concours du CAPES de lettres modernes.
Salaire :
En début de carrière un professeur certifié (Capes) gagne aux alentours de 1 400 € par mois + prime annuelle. Un professeur agrégé commence à environ 1 500 € mensuels + prime. En fin de carrière, ils touchent respectivement 3 000 € et 3 700 € par mois.
Diverses indemnités et éventuellement des heures supplémentaires s’ajoutent au traitement.