"Thérapie de conversion". Observez les guillemets. Si elles s'emploient, c'est parce que de "thérapie", il n'y a bien que le terme, au sein de ces systèmes dits de "conversion" dont les pratiques banalisent en vérité l'homophobie, la culpabilisation et la violence psychologique. Internats, centres et camps à travers le monde, aux Etats-Unis par exemple, promettent à travers ces "thérapies" de "guérir" de l'homosexualité. Celle-ci est envisagée dans un cadre ultra-conservateur comme une maladie mentale.
Et c'est justement aux Etats-Unis que nous embarque l'un des nouveaux documentaires Netflix : Pray Away. Mis en ligne sur la plateforme de streaming le 3 août prochain, ce film est produit par deux des plus grands noms de l'industrie du spectacle actuelle, le créateur de séries télé Ryan Murphy (Ratched, American Horror Story, Scream Queens) et le producteur de films d'horreur ultra rentables Jason Blum (Paranormal Activity, Get Out). Mais aux antipodes de l'usine à rêves, c'est une horreur bien réelle, cette fois-ci, que narre ce documentaire choc.
Car Pray Away s'attarde plus précisément sur Exodus International, une organisation qui a pratiqué et fait perdurer ces fameuses thérapies de conversion dans l'Amérique des années 70. Chose déroutante, cette organisation, dont seront révélés au gré des séquences les origines et les mécanismes, a été créé par cinq "ex-homosexuels".
Comme l'énonce le magazine LGBTQ Têtu, Exodus International a été créé il y a plus de quarante ans par cinq hommes homosexuels tiraillés entre leur vie intime et leurs "convictions religieuses". C'est à partir de ce vécu, et au sein de leur église évangélique, qu'ils vont commencer à lutter contre ce qu'ils nomment "le mode de vie homosexuel". Ces réunions parcourues de lectures bibliques vont réunir des milliers d'adeptes.
"Dans les années 1970, cinq hommes dirigeaient l'organisation de thérapie de conversion homosexuelle la plus importante et la plus controversée au monde, mais leurs propres attirances envers le même sexe n'ont jamais disparu", pitche encore la plateforme de streaming. Récit complexe, Pray Away promet d'éveiller bien des consciences en privilégiant une certaine polyphonie, puisque sont aussi bien interrogés les responsables de cette organisation (qui regrettent aujourd'hui leurs intentions) que d'anciens membres d'Exodus. Et entre ces voix, le mouvement ex-homosexuel, dont les adeptes affirment que l'on peut "sortir de l'homosexualité".
Oui, cette histoire nous ramène aux années 70, mais son discours est on ne peut plus actuel à l'heure où les thérapies de conversion sont loin de n'être qu'un mauvais souvenir. Comme le rapporte le magazine en ligne Stylist, une personne LGBTQ+ britannique sur vingt aurait subi des pressions au sein de ses services de santé pour "changer" son orientation sexuelle. D'ailleurs, cette production Netflix s'attardera également sur les répercussions politico-médiatiques de fondations aussi influentes qu'Exodus International.
On s'impatiente de la visionner.