Le crime est glaçant. Ce jeudi 10 mars dernier, la police pakistanaise a affirmé avoir arrêté un homme pour infanticide. Le prévenu, originaire de la ville de Mianwali dans la province centrale du Pendjab, est accusé d'avoir tué de 5 balles sa nouvelle-née d'une semaine, rapporte l'AFP. Pour une raison qui en dit long sur le sort réservé aux femmes pakistanaises : il aurait préféré un garçon.
L'homme "se plaignait depuis trois ou quatre jours qu'il aurait voulu avoir un fils et était très en colère", a ainsi déclaré à l'agence de presse Zarrar Khan, le porte-parole de la police de Mianwali. Il avait ensuite pris la fuite avant d'être poursuivi puis attrapé par les forces de l'ordre locale.
Ce drame est loin d'être le seul à prendre racine dans cette société très patriarcale. Un mois plus tôt, une femme enceinte s'était présentée dans un hôpital du pays avec un clou planté dans la tête. L'objet y avait été inséré par un guérisseur pour lui garantir qu'ainsi, elle donnerait naissance à un garçon. La mère avait trois filles et attendait son quatrième enfant.
"Au Pakistan, pays profondément conservateur et patriarcal où les filles et les femmes sont confrontées à une violence généralisée, avoir un garçon est souvent considéré comme un heureux présage, car il est censé être plus à même d'assurer l'avenir financier de ses parents qu'une fille", commente l'AFP.
Cette violence est d'ailleurs chiffrée. 28 % des Pakistanaises de plus de 15 ans déclarent avoir subi des violences physiques de la part de leur partenaire au moins une fois dans leur vie, une proportion rapportée par RFI que le média estime en deçà de la réalité.
Le même article relayait le verdict rendu par la justice locale sur l'affaire Noor Mukadam, une jeune femme violée puis décapitée par son compagnon, Zahir Jaffer, après avoir refusé de l'épouser. Elle avait tenté de s'échapper mais deux employés de l'homme l'avait rattrapée. L'assassin a écopé de la peine de mort, les deux complices de 10 ans de prison.
Selon la sociologue pakistanaise Nida Kirmani, ces peines ne sont toutefois pas suffisantes pour instaurer un climat plus sûr pour les femmes dans le pays.
"Le Pakistan a beaucoup à faire pour changer les choses sur ce sujet", affirme-t-elle au service public français. "Et je pense que le verdict contre Zahir Jaffer par exemple, bien qu'il soit sévère, car il a été condamné à la peine de mort, et bien cela ne changera pas les raisons structurelles qui font que les violences contre les femmes sont si importantes au Pakistan. Et cela est lié au niveau élevé de patriarcat dans le pays et à la nécessité de changer cette culture dans son ensemble."