La plupart d'entre nous suit le parcours classique qui consiste à aller à l'école, à faire des études supérieures, à travailler, puis (enfin) à prendre sa retraite. Mais pourquoi se tuer au travail toute sa vie quand on peut économiser et s'arrêter à l'âge de 40 ans pour profiter pleinement de la vie en étant encore dans la fleur de l'âge ?
C'est le concept du "frugalisme", tendance qui a émergé aux États-Unis sous le nom du "early retirement" il y a une dizaine d'années et qui gagne du terrain en Europe. Les personnes qui le pratiquent ne sont ni des parasites, ni des marginaux, mais plutôt des individus qui posent un regard différent sur leur mode de vie et de consommation.
Le mouvement, "early retirement" qui signifie "retraite anticipée" implique de vivre le plus simplement et le plus sobrement possible afin d'épargner un maximum et de partir à la retraite le plus tôt possible (généralement vers 40 ans) pour pouvoir vivre de ses investissements et réaliser tous ses projets.
Sur le papier, l'idée s'avère on ne peut plus séduisante. En effet, travailler pendant seulement dix ou quinze ans puis consacrer le reste de sa vie à concrétiser ses rêves semble être l'alternative idéale. Mais elle nécessite quelques "sacrifices" de taille.
Pour économiser un maximum, on va par exemple éviter le plus possible les dépenses accessoires, comme aller au restaurant, partir en voyage, éviter les marques de haute-couture et s'acheter des vêtements d'occasion... Un point de vue qui peut sembler difficile à adopter pour les plus hédonistes d'entre nous.
Le "frugalisme" fait davantage penser au concept philosophique de l'ascétisme, une discipline du corps et de l'esprit qui aspire à une perfection intellectuelle et spirituelle en renonçant à tous les plaisirs de la vie liées aux choses matérielles, considérées comme superflues.
Les motivations des un·es et des autres qui franchissent le pas sont variées. Certain· es aspirent tout simplement à "être heureux·euses", tandis que d'autres décident d'acquérir une indépendance financière et de se retirer du système pour fuir une société capitaliste régie par une incitation à la sur-consommation.
C'est par exemple le cas de Yann, 31 ans et ingénieur qui a récemment témoigné pour le site 20 Minutes : "Je continuerai à découvrir le monde, me lancer dans le tourisme en montagne, développer un potager afin d'être totalement autonome. Bref, ne plus dépendre du rythme ultra-réglé de la vie actuelle."
Dans son livre Financial Freedoom paru en juillet 2017, l'autrice allemande Gisela Enders souligne : "Nous devrions plutôt réfléchir à la qualité de vie professionnelle qu'offre aujourd'hui notre société pour que des jeunes de 25 ans en viennent à dire : 'Je veux m'arrêter de travailler à 40 ans."
S'il émerge doucement en France, le mouvement du frugalisme est en revanche bien installé en Allemagne, même si pour l'instant aucun chiffre officiel ne permet de mesurer de manière précise l'ampleur du phénomène.