C'est un fait historiquement morbide. A 52 ans, l'Américaine Lisa Montgomery est la première femme à avoir été exécutée par le gouvernement fédéral depuis... l'année 1953. Elle a reçu une injection létale ce mercredi 13 janvier dans un établissement pénitencier de l'Indiana (un État du Midwest). Ce dont on l'accusait ? Avoir assassiné une femme enceinte, Bobbie Jo Stinnett, 23 ans. Elle aurait ensuite ouvert son utérus avant de le "kidnapper".
Ces faits auraient eu lieu en décembre 2004 dans l'Etat du Kansas. Il y a seize ans de cela, Lisa Montgomery aurait élaboré un traquenard, convenant d'un rendez-vous auprès de Bobbie Jo Stinnett, dans le but d'adopter un chien, la victime étant alors éleveuse. Prise au piège, la jeune femme aurait été brutalement étranglée à l'aide d'une corde. Son foetus aurait ensuite été extrait par Lisa Montgomery, puis retrouvé par les forces de l'ordre, dans ses bras, au sein de son domicile. Son incarcération, suivie de l'annonce de sa sentence (la peine de mort), aura lieu trois ans après ce macabre récit, détaillé par la BBC.
Pour beaucoup, l'histoire de la quinquagénaire est celle de l'horreur pure, la face assassine et innommable d'une Amérique profonde que l'on ne croit voir que dans les feuilletons à sensations. Pour d'autres cependant, l'annonce de la première peine de mort prononcée aux Etats-Unis à l'encontre d'une femme en 67 ans de justice n'a rien d'une grande nouvelle. Surtout si l'on se penche sur le passé de la criminelle exécutée.
A savoir ? Cette tribune du New York Times nous le rappelle : avant d'être meurtrière, Lisa Montgomery était également victime - d'abus physiques et sexuels notamment. Violée à de multiples reprises et de nombreuses années par son beau-père alcoolique, maltraité physiquement par les connaissances de ce dernier, perçu par sa mère comme une "monnaie d'échange" sexuelle, Lisa Montgomery a vécu une enfance traumatisante. Le calvaire se poursuivra lors de son mariage, l'épouse subissant les sévices divers et le harcèlement de son conjoint.
Au moment du meurtre, Lisa Montgomery faisait état de sévères troubles mentaux, diagnostiqués comme tels, du "PTSD" (le stress post-traumatique) à la schizophrénie. Outre-Atlantique, son cas suscite aujourd'hui tous les débats. Certains s'offusquent que l'on se prenne de pitié envers une assassine, rappelant la teneur des faits évoqués. Pour d'autres, le sujet n'est pas là mais serait à chercher du côté d'un débat polémique : la légitimité de la peine de mort, d'autant plus lorsqu'elle se prononce à l'adresse d'une femme atteinte de pathologies mentales.
Comme le rappelle Courrier International, la native du Kansas et sa défense auraient d'ailleurs imploré la clémence de Donald Trump, à savoir la grâce présidentielle, symbole potentiellement fort à la fin du mandat de ce dernier. Fort, oui, mais tout simplement ignoré. Au grand désarroi de son avocate, Kelley Henry, pour qui la peine capitale est le plus déplorable des choix dans le cas présent. "Plusieurs personnes auraient pu intervenir afin d'aider ma cliente : des juges, des conseillers, des travailleurs sociaux, des voisins, des enseignants. Mais la société a abandonné Lisa et, par extension, ses victimes", déplore cette dernière.
"Nous demandons maintenant au président Trump de bien vouloir entendre notre plaidoyer. Il peut être un héros pour les femmes qui ont été victimes du trafic sexuel, et faire une déclaration publique sur l'importance de mettre fin à la stigmatisation des troubles mentaux", déclarait encore la spécialiste du droit au début du mois.
L'Union européenne, par la voix de son porte-parole de la diplomatie Peter Stano, a déclaré "regretter profondément" cette exécution. "L'UE avait demandé que la clémence soit accordée à Lisa Montgomery en tenant compte du droit international et des normes minimales acceptées au niveau international qui devraient être respectées en ce qui concerne les personnes atteintes de troubles mentaux." Un appel qui n'a pas été entendu