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"Ces femmes ne restent que des paires de seins" : agressions sexuelles, harcèlement, les danseuses des clips de rap dénoncent le sexisme de l'industrie musicale
Publié le 4 mars 2025 à 20:00
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Les vixens, ce sont ces danseuses professionnelles que l'on retrouve dans les clips de rap. Longtemps silencieuses, elles prennent aujourd'hui la parole pour dénoncer le sexisme de toute une industrie.
"Ces femmes ne restent que des paires de seins" : agressions sexuelles, harcèlement, les danseuses des clips de rap dénoncent le sexisme de l'industrie musicale
"Ces femmes ne restent que des paires de seins" : agressions sexuelles, hyper sexualisation, les "vixens" dénoncent le sexisme dans le rap Les Vixens, ce sont ces danseuses impressionnantes que l'on retrouve dans les clips de rap. Généralement en tenues légères, voire en lingerie, elles viennent apporter chorégraphies méticuleuses, performances physiques parfois très athlétiques (pole dance, lap dance) et danses "sexy" à ces vidéos musicales, dont elles sont devenues, depuis au moins les années 90, totalement indissociables. Mais pour Soraya Rhazel, productrice et directrice de casting, les vixens sont bien plus que ça : les égéries oubliées du rap. C'est d'ailleurs ainsi qu'elles les nomment dans son livre éponyme. La jeune femme sait de quoi elle parle : elle aussi fut "vixen" de nombreuses années. Elle est donc bien placée pour dénoncer le sort de celles qui subissent bien des violences. Violences économiques (en fonction de leurs salaires), violences sexistes (slut shaming banalisé), violences sexuelles... "Elles ne sont jamais remerciées, très peu respectées. Quand on sait que la plupart des filles ont suivi des cursus de danse, des cours de théâtre, maîtrisent le pôle dance, le trapèze, la pyrotechnie, les arts du cabaret et du burlesque" Le livre-enquête de Soraya Rhazel est une ode aux vixens mais également un pavé dans la marre. Il nous embarque "dans les coulisses de la plus puissante industrie musicale française", face à des femmes qui depuis des décennies sont "regardées, désirées ou méprisées" par des millions et des millions d'auditeurs.
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C'est quoi une Vixen ?

Vous en connaissez, mais sans le savoir. Les Vixens, ce sont ces danseuses impressionnantes que l'on retrouve dans les clips de rap. 

Généralement en tenues légères, voire en lingerie, elles viennent apporter chorégraphies méticuleuses, performances physiques parfois très athlétiques (pole dance, lap dance) et danses "sexy" à ces vidéos musicales, dont elles sont devenues, depuis au moins les années 90 et l'essor du rap californien, totalement indissociables. 

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Mais pour Soraya Rhazel, productrice et directrice de casting, les vixens sont bien plus que ça : les égéries oubliées du rap. C'est d'ailleurs ainsi qu'elles les nomment dans son livre éponyme, coup de pied dans la fourmilière de l'industrie rap. La jeune femme sait de quoi elle parle : elle aussi fut "vixen" de nombreuses années. Elle est donc bien placée pour dénoncer le sort de celles qui subissent bien des violences, normalisées mais surtout totalement ignorées.

Violences économiques (en fonction de leurs salaires), violences sexistes (slut shaming banalisé), violences sexuelles... Et pour faire entendre tout cela, la spécialiste prend la parole, et dit les termes. On l'écoute ?

"Ces femmes ne restent que des paires de seins", "se rincer l'œil sur leurs silhouettes" : dans le rap, les violences sexistes et sexuelles subies par les "vixens"

Le livre-enquête de Soraya Rhazel est une ode aux vixens mais également un pavé dans la marre. Il nous embarque "dans les coulisses de la plus puissante industrie musicale française", face à des femmes qui depuis des décennies sont "regardées, désirées ou méprisées" par des millions et des millions d'auditeurs.

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Aujourd'hui, l'autrice de Vixens n'a plus à prouver son expertise en tant que directrice de casting -  13 Block, Vald, Gazo, Jok’Air et Kaaris composent son CV bien fourni - ou de productrice - des centaines de clips à son actif - mais ce qu'elle a pu subir par le passé, et observer, elle ne souhaite pas l'éluder. 

Violences sexuelles, sexisme ambiant, harcèlement...

Elle l'énonce au Mouv' : "Quand tu te retrouves en loge avec une dizaine de vixens, tu te rends vite compte que toutes ont pu vivre les mêmes expériences. On reçoit en permanence les mêmes messages privés de footballeurs ou de rappeurs, de 'daleux'..."

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@mouv Soraya Rhazel et toutes les vixens font face aux mêmes agressions… 😤 C’est important de leur dire qu’elles ne sont pas seules, donc merci Soraya pour les travaux 📕 📻 Bang! Bang!, c'est tous les jours de 16h à 18h45 sur Mouv’ #sinformersurtiktok ♬ son original - Mouv’

"On s'aperçoit que sur une dizaine de meufs présentes en loges on a toutes pu vivre des agressions, comme si aucune d'entre nous n'avait pu sortir indemne de tout ça, et des mêmes charognards du rap"

L'autrice en appelle à un #MeToo du rap français : "il faut que tout le monde écoute ces femmes, et disent : je te crois"

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Et la productrice et directrice de casting de dénoncer encore dans son livre cette fois-ci : "Elles ne sont jamais remerciées, très peu respectées, les vixens. Quand on sait que la plupart des filles ont suivi des cursus de danse, des cours de théâtre, maîtrisent le pôle dance, le trapèze, la pyrotechnie, les arts du cabaret et du burlesque"

Comme l'énonce encore le média rap l'ABCDR, qui classe ce témoignage dans les grands moments de l'année rap 2024 : "Certains préfèrent probablement se rincer l’œil sur leurs silhouettes, ou fermer les yeux sans les considérer, que lire les vérités des vixens..." 

"Elles ne restent que des paires de seins, de fesses, de jambes appelées pour être des accessoires". 

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"Et tu bouges ton gros c*l"

Cela nous renvoie au sexisme déplorable observé lors des derniers concerts de la superstar Kaaris. On avait pu alors observer des réflexions très pointilleuses comme : "la meuf elle montre son uc' et c'est la faute des hommes ?". Concert controversé durant ce segment où le rappeur invoque les vixens sur scène en illustrant leurs danses par ces paroles de son répertoire : "Salope, on a assez travaillé pendant l'esclavage / Et tu twerk, et tu twerk, et tu twerk / Gros billet sur ton gros cul, ton gros cul, ton gros cul".

On vous en parle ici.

Pour Soraya, les Vixens méritent le respect, la sécurité dans le cadre de leur profession, et une vraie considération. Et le site spécialisé d'applaudir cette libération de la parole et mise en lumière inédite des femmes de l'ombre, "témoignage où tout naît d’une volonté de se réapproprier un corps que la société patriarcale sexiste s’accapare bien trop tôt, pour le ranger dans une case". 

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C'est un geste intensément féministe qui, on l'espère, devrait éveiller bien des consciences.

"Jouer dans un clip ne fait pas d’elle une fille non respectable et ne donne pas le droit a qu’un de les agresser", "Peu importe Le job que tu sois libraire, danseuse, comptable ou avocate faut parler effectivement", "Force et honneur à vous madame ! Les gens critiquent sans savoir que malgré tout c’est une profession voir une passion", commentent en retour quelques internautes alertes.

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